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                Sandrine DEUMIER et Véronique BINST

                 pour agencer des 0 et des 1. Qu’il s’agisse de documents administratifs ou de compositions artistiques, ils
                 sont Code binaire.
                 Ce n’est que pour l’utilisateur, l’usager, ou l’artiste selon son projet que se différencie ce que produit le pro-
                 gramme en textes, icones, sons appréhensibles. Les algorithmes informatiques sous-jacents ne traitent
                 que des nombres.

                           La fin de la performance l’exposa. Elle fut très marquée par l’abandon du violoncelle par Véronique
                 Binst qui, archet à la main, traversa la chapelle suivie du regard parfois perplexe des spectateurs alors que
                 se continuait l’exhibition du code, qui, sans musique, désormais se déroulait beaucoup plus vite puisque
                 Sandrine tapait non plus de la poésie mais le générique en une semblable colonne de chiffres.

                            Cette performance y reconnaît son fondement; plus, elle en fait son écriture en renversant le pro-
                 cessus. Violoncelle et ordinateur sont placés sur l’espace devant l’autel, la vidéo est projetée sur un grand
                 écran de biais de l’autre côté de cet espace.
                 Véronique y interprète la partition produite par la traduction en code binaire de l’écriture par Sandrine d’un
                 poème en direct.

                         Ainsi le texte écrit avec notre alphabet, s’énonce sur une partie rappelant la page-papier et sur le
                 côté gauche, celui par lequel débute le sens de lecture occidental, s’égrènent des 0010/ 1010/
                 0101/0001/010/010 etc… Les accents du violoncelle leur obéissant en musique répétitive quand opèrent
                 les mêmes suites.

                            Ce que l’on appelle le « transitoire observable» à savoir la partie de l’œuvre produite par le pro-
                 gramme et accessible à la lecture, le fait produit par l'exécution du programme et proposé à la lecture est
                 renversé. La performance pousse le paradoxe puisqu’elle déroule sur écran l’écriture transformée (le
                 poème en signes linguistiques reconnaissables) et la fait productrice des codes habituellement cachés qui
                 la produisent. Elle fait image des textes, elle atteste que cette poésie écrite est un spectacle - ce qui est vu
                 - avant d’être saisi, en lecture. Quand se lit ce texte-graphe se déroulant, des accents poétiques se mêlent
                 au rappel tout aussi poétisé de la nature du médium… « luminosités déclinantes survolant l’immensité des
                 zones subitement…/ le regard précis en passe d’intra-voyage… » La coda de l’œuvre obéit au «temps
                 d’hésitation » frappé et lisible sur l’écran…1001/0010/0010/1001/0010/1001...

                           Nous avons été pris par la sidération des chiffres.
                                                                                  Simone Dompeyre

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