Page 49 - catalogue_2015
P. 49

TRAVERSE VIDÉO AU CINÉMA UGC

                          Jean-Paul DEVIN-ROUX, Double - Harmony, 8min, FR

                                                        « Je m’appelle Ryüji. Je suis marin / Je pars ce soir pour Valpa-
                                         raiso, / je t’attendrai. Je reviendrai » La belle simplicité du désir, l’évidence
                                         que quelque chose a lieu sans en chercher ni raison, ni justification sont por-
                                         tées par cet échange en finale de Double - Harmony de la découverte du port
                                         d’Osaka; il fonde l’atmosphère paradoxalement sereine d’un lieu industriel,
                                         d’un lieu où se rencontrer se peut.
              Le travelling initial correspond à la réalité du trajet de l’étranger qui atterrit à Osaka et qui peut bénéfi-
cier d’une marine colorée, multiple mais apaisante. La vidéo se nourrit de films pris aux moments de voyage mais
s’éloigne de mille lieux de journal de voyage ou autres itinéraires commentés. Double - Harmony assure un paysage
état d’âme, et cet état est de confiance avec ce paysage filmé. Pas d’histoire montée, le moment sensoriel, de tous
les sens, dans la ténuité et le flottement temporel alors que le marin et le Valparaiso qu’il évoque comme escale de
son voyage, réveilleraient des souvenirs, type les Trois couronnes du matelot de Ruiz. Le Japon ne craint pas de
peindre ses bateaux, peu croisent l’anse du port mais tous filmés en plan fixe, brillent beige ou jaune ou… Cependant
un porte-containers est privilégié, découvert selon divers angles, sous diverses luminosités du moment, rouge et noir
comme les anciens paquebots de ligne, il donne son nom au film : Double Harmony. Navire de travail, entouré de
grues agissantes, il n’est pas pour autant appréhendé négativement. Tout de Double - Harmony se poétise; est re-
connue la beauté stricte des grues blanc et rouge, sveltes, vivantes; est reconnue la capacité onirique d’une étrange
voilure partagée en deux immenses ailes dont l’usage n’a pas à être explicité.
              L’homme n’y est pas l’ouvrier dévoré par la cadence; rares, deux ouvriers / marins l’un au mouchoir
typiquement noué sur la tête, les deux en pantalons bouffants d’abord assis en pose sur la jetée, ensuite en champ
contre champ avec le grand navire, restent immobiles; le pécheur avec épuisette et canne prend le temps jusqu’à la
tombée du soir. Le temps est donné au temps filmique. Pour être. Le cinéaste s’y pose après la rapide traversée de
l’autoroute. Il se désigne ainsi, lors de sa rencontre avec son « premier garçon japonais », « ici, à Cosmosquare, la
jetée sur le port d’Osaka » et signe son approche émotive. Jean-Paul Devin-Roux avait composé des « haïkus - vi-
déo», nécessairement courts pour répondre à ce genre, avec pour titre générique Doki-Doki / Choses qui font battre
le cœur; cette fois, dans le Japon contemporain, il suit son propre tempo, celui de la journée jusqu’à la nocturne, où
le plan général ne retient de la ville que points de lumière. L’harmonie est décidément entière.

                                                                             Simone DOMPEYRE

                          Julie MEYER, Correspondances, 10min, FR

                                        Des images de la campagne tarnaise au lever du jour. Des fi-
                          gures immobiles contemplant les paysages. Des voix faisant le récit d’un dé-
                          placement. Correspondances plonge dans un univers onirique où le voyage
                          est raconté à la première personne par des adolescents. Leurs souvenirs se
                          font écho de leur présence dans l’environnement de leur quotidien. Le film
                          convoque une mémoire collective et dessine une cartographie sensorielle.

Anne ROUQUÈS, Tendre, 3min 20, Toulouse

                          « Un acte psychomagique, c’est comme donner un coup de pied affectueux au cul de la réalité.
                                                                                           Alejandro JODOROWSKY
Cet élan que tu lui donnes, surprenant, le fait sortir de l’inertie et le met à danser. »

           Alors,
           Que crois tu ?
           Regarde autour de moi,
           Ne me regarde pas
           Vois comme ça se dessine…
           J’aime à rêver
           Que je m’immerge dans le paysage
           Où plutôt que ce paysage
           M’envahit… tendrement…
           Tendre.

48 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S

Maquette V3 2015.indd 50                                                                   21/06/2015 19:47:12
   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54