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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 25

métamorphoses de l’homme, de fashes de visages du cinéma plus ou moins amènes, le sourire léger
de Anna Karina godardienne, celui de Peter O’Toole en Lawrence d’Arabie dans le flm éponyme, celui
sardonique venu de Oranges Mécaniques, celui charmeur de James Dean ou d’un jeune homme en
sueur dans l’obscurité, celui en pleurs de détresse de La Passion de Jeanne d’arc de Dreyer et cette
femme en maîtresse au fouet et plus encore de l’autre côté de l’humain, la robot ensorceleuse de Me-
tropolis de Fritz Lang. Il reconnaît la force du cinéma à dire autant de l’homme et de ses douleurs, mais si
différemment que les paroles savantes qui expliquent, commentent mais peinent à faire ressentir ce que
l’autre vit et ce dont il souffre. Simone D.

a.s.p - Arya SUKAPURA PUTRA -, Passage (loco-motion), 7 : 31 min., Indo.
En soumettant à l’effet papillon, le paysage découvert tout au long des
rails d’un trajet en Indonésie, le Passage n’est pas que géographique mais
visuel, puisque le réel se multiplie, se dédouble pour plus de luxuriance, de
mouvement, paradoxalement une vie plus vécue mais aussi plus rapide.
Le long d’un passage d’atypiques impressions visuelles, se joue une réfexion sur la réalité contemporaine.
Passage (loco-motion) explore ainsi les multiples facettes de la structure architecturale du paysage et observe
le concept et la technique concernant la sauvagerie des beautés, atypiques perspectives, mouvements, vitesse,
temporalité et émois psychologiques qui relient les membres du public par les sensations sensorielles. Le
public perçoit, ainsi, des transformations inattendues et les kaléidoscopiques impressions visuelles d’un
trajet en locomotive. Il est, par ailleurs, en un état méditatif, mis au déf de découvrir d’autres possibilités
dans ces impressions-ci et de relever ce qui demeure en lui de spirituel. Passage invite à repenser son
existence et le caractère éphémère de celle-ci mais aussi ses potentialités. Simone D.


Paul WENNINGER, Uncanny valley, 13 : 30 min., Autr., FFM
Uncanny Valley / la vallée étrange, troublante, inquiétante autant
d’épithètes qui, pourtant, ne recouvrent pas totalement la stupeur
insuffée par le flm.
Quatre soldats dont le casque de fer, la molletière, la gibecière de
toile et le masque à gaz du troisième, le type de grenade outre la
tranchée, humide, simplement renforcée de sacs de toile, les échelles frustres de bois, les fls de fer
barbelés à franchir disent 14-18 mais sans précision de nationalité : les paroles se réduisent successivement
au signal de menace, de protection, de douleur et l’uniforme perd de son identité malgré les étoiles
sur le col désignant l’offcier tué auquel dans le même geste, on dérobe les rares objets personnels
que chacun y porte, et auquel on ferme les yeux.
Ils sont métonymie de la guerre : ennemis devant se tuer sans raison que celle de ne pas être du même
côté. Ils se cachent de l’autre, rampent, se traînent, se terrent, se rencognent.
Le champ se focalise sur eux, rarement l’espace s’ouvre, puisqu’au contraire, directif, il oblige à voir la
main sous les décombres... à voir la blessure et le couteau qui enlève la balle de la plaie... Les hommes
y sont peu nombreux. Il ne s’agit pas de raconter une histoire mais de revenir à l’Histoire capable de
telle bête tuerie alors même que la chute du flm prouverait que la leçon est oubliée.
En effet, les seuils du flm assènent la réalité de la guerre et son édulcoration muséale. La fn et le seul
plan général du flm - plan de distanciation - décrivent le public tranquille d’un musée aux colonnes et
sol de marbre, public déambulant autour d’une grande cage de verre enfermant la statue du soldat
en position de guet… l’espace propre, silencieux, coloré est traversé par des familles, des couples et
des groupes souriants ; l’asepsie de la réalité de la guerre fonctionne.
- 1. Lycée des Arènes -
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