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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 23


Katerina KRUTSKA VRBOVA, Bajka, 6 : 00 min., Rep. Tchèq., FAMU
Bajka/Fable une voix masculine psalmodie plus qu’elle ne raconte les
étapes d’un petit cheval en quête de… passant par quatre globes
terrestres jusqu’au dernier qualifé de « répugnant » sur lequel, comme
le chien et le vent qui l’accompagnent, il touche une dent ce qui
provoque leur mort alors que le grand épervier disparaît dans le ciel.
Sans doute, faudrait-il connaître les légendes polonaises, plus précisément,
appréhender ce conte d’initiation prévenant des dangers tout en incitant à s’y risquer mais la voix emporte
d’autant que pour celui qui ne maîtrise pas la langue originelle, elle s’entend comme signifant pur.
Conte cruel pris en un flm paradoxal puisque le montage alterne des plans de flms de famille avec
enfant, des plans de grande-roue de fêtes foraines. Enfant qui, comme le petit cheval, galope, monte
la colline, enjambe des troncs d’arbre, en tenue estivale qui, plus tard, plus chaudement habillé, joue sur
la plage, court après une poche de plastique - indice hélas du contemporain - en guise de découverte. Il
est sourire. Son ours en peluche ne quitte pas son petit sac à dos. Un homme, parfois en surimpression,
vêtement blanc marqué d’une étrange croix noire, ouvre d’autres pistes avec ses signes de tourment,
visage plongé dans ses mains ou regard anxieux… une femme de même, lance un regard adressé,
visage triste…
Le contrepoint régit le flm, à deux degrés, les composants suivent des chemins autonomes mais ne
sont que par leur rencontre en ce Bajka, attirés en ce montage. Il le régit aussi puisque la bande-image
ne répond aucunement à ce récit… sur le noir et blanc, la couleur en teintage, des bandes de couleur,
des points, des ratures poétisent le footage, ils l’éloignent des référents flmés. L’enfant cependant,
celui auquel est destiné le conte, celui que nous redevenons dans le plaisir premier de cette écoute,
continue son avancée avec le flm, à l’existence absolument liée. Simone D.

Leyla RODRIGUEZ, The Separation Loop, 3 : 56 min., Alle.
The Separation loop, la boucle de séparation, la séparation boucle,
la formule n’est ni la seule étrangeté, ni le seul paradoxe du flm,
elle en est emblématique, tant le flm renverse les modes d’être,
de voir, les statuts des objets et des vivants. Il façonne son territoire
en rapprochant des paysages de divers espaces voire de conti-
nents avec une fréquence de l’Argentine : une île, grande, puis
des îlots, un pays de montagne haute et un gros plan de cailloux,
des ruisseaux et la mer toute proche survolée jusqu’à un fondu au blanc. Plans et axe de prise de vue
divergent en recul ou en rapprochement, en approche précise ou en éloignement… de cette invention
de terre où vivre sans plus de précisions.
Cette union de contrées diverses concerne aussi les animaux : un lama sur un palier montagneux avant
un gros plan de ses oreilles mouvantes, des rennes courant dans la steppe, des moutons près puis loin
dans les rochers. Tous idoines à la géographie s’incluent dans le paysage mais un cheval de Przewalski
à la crinière drue, au dos couvert d’une nappe en guise de selle, devient leitmotiv et scansion rapide
ainsi qu’un étrange personnage - jeune femme entrevue une fois alors qu’elle est s’émerge de tissus
entassés pour déployer un étrange drapeau de ce non-pays, tous pays.
La ville et ses artefacts sont visités avec les mêmes bonds de l’un à l’autre sans logique du trajet si ce
n’est le suivi de cet être : murs, ateliers avec machine à teindre les tissus, rouleaux de tissus protégés ou
pas de plastique et une nappe circulaire réitérée. En outre, la couleur se dissémine dans les rues grises
sur des amas de fls enchevêtrés, des coussins en forme de lettres pour récrire le tag « Dreams » et des
- 1. Lycée des Arènes -
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