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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 26

Pourtant, d’emblée, après un noir perturbé du grondement de bombardements, le titre avait sursauté,
secoué par ces tirs comme la terre malmenée aussitôt découverte. Nos souvenirs cinématographiques
sont ainsi et aussitôt réveillés et s’ils ne s’étonnent pas de suivre les pas d’un homme dans le lieu reconnu
de la tranchée, ils sont saisis par le mouvement haché, la terreur de son regard.
Uncanny Valley opte pour la rotoscopie, animation image par image de vue réelle et cette pixillation est
la plus à même de transmettre la souffrance et la peur... le sol de boue, de sable, parfois mal couvert
de bois, les murs tremblants, l’espèce de bunker avec meurtrières sont la base de cette expérience
de la guerre où, en animal traqué, on tue pour ne pas être tué. Le champ se restreint à leur conduite,
à leur mimique, s’approchant en plongée quand ils se fondent à la terre.
L’obscurité, tout aussi adéquatement, domine le condensé de cette vie/non vie des soldats jusqu’à ce
que l’orangé de la famme vacillante d’une fragile lampe se fasse prémices de la blancheur, de la clarté
synonyme du sauvetage des deux premiers soldats rescapés. Le plan moyen cependant saisit les conséquences
psychiques dans le regard perdu, les contorsions des mains avant le déplacement temporel et oublieux
vers le futur du musée.
Paul Wenninger ne sombre cependant pas dans le pessimisme, les visiteurs ne sont pas attaqués quand
seule leur inconscience est reconnue et surtout dans le chaos de la terre détruite, des corps détruits,
survit la possible humanité. Le soldat - fl des séquences jusqu’à sa statue au musée - ne quitte jamais
son compagnon, l’extrait de la boue, tente de l’opérer et il partage avec lui tout y compris la petite lumière
de la famme et de la vie. Simone D.


Sylvia WINKLER / Stephan KOEPERL, El Oso Verde/The green bear, 3 : 30 min.,
Alle.
Dans Madrid, capitale de l’Espagne, notre intervention se fonde sur deux
observations : celle de personnages de bande dessinée, à taille humaine se
proposant pour être photographiés contre un petit pourboire aux touristes et
celle du logo de l’une des plus grosses banques privées, un ours vert.
La banque, comme ces personnes déguisées, des migrants aux emplois précaires, lutte pour sa survie dans
un contexte de crise fnancière. Ayant confectionné et endossé un déguisement d’ours vert à l’image du
logo de la banque, nous confrontons la population locale à leur institution fnancière familière en mendiant.
Par coïncidence, le jour où nous sommes descendus dans la rue ainsi déguisés en ours vert, la presse a
unanimement rapporté que les banques espagnoles réclamaient des milliards de crédits supplémentaires.
Peu après, le grand Mouvement des Indignés s’est levé contre les défaillances sociales économiques et
politiques. La banque au logo du gros ours vert n’a pas survécu à la crise. La population a dû supporter
ses pertes massives !
2. Cinémathèque de Toulouse
Susanna BALLESTEROS / Jano MONTANES, Aimless in the city,
4 : 30 min., Esp.
L’expérience prend en considération l’individualisme, l’isolement
et la conception de l’individu en tant qu’être social. Le montage
de nombreux fragments de footage de flms classiques et de flms
contemporains, génère un dialogue plus direct entre le spectateur
et l’œuvre, et facilite la réfexion par ces séquences parfois très populaires et connues de nous tous.
Les fragments retenus sont décontextualisés et les personnages et les récits grâce auxquels nous prenons
possession de telles histoires sont manipulées, ce qui cré des atmosphères génératrices d’état, d’émotion, de
sentiments différents qui enrichissent notre propre point de vue critique sur le monde qui nous entoure, et
- 1. Lycée des Arènes / 2. Cinémathèque de Toulouse -
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