Page 62 - catalogue_2016
P. 62
Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 62
qui importent : les Dieux, favorables aux Grecs, condamnent le prêtre troyen qui avertit son peuple
de ne pas laisser entrer le cheval déposé par leur ennemi sur la plage ; quant à la Méduse dont Persée
vient de couper la tête, son regard vivant sidère encore alors que son sang est déjà fgé. Le temps de
Swing n’est pas pour autant celui de la mythologie mais celui de la diffculté d’être enfant face aux adultes
dans l’ordre imposé voire la contrainte et l’incompréhension.
Ainsi le va et vient n’est-il pas de rapprochement mais d’éloignement quand ce qu’il importe de trans-
mettre, c’est la douleur infigée par l’autre, fût-elle d’ordre psychologique d’autant que celle-ci peut
venir de diverses maltraitances même si le flm garde le non-dit en écho à celui de la société. Simone D.
Malgorzata RZANEK, Danse macabre, 9 : 20 min., Polog., Polish
Shorts
Danse macabre s’inspire, avec humour, du motif médiéval de « la
danse macabre » ce qu’elle affche avec son titre. Sur les traces d’un
être à trois pattes et sans autre partie du corps, se découvre un monde
trouble et éteint. Les éléments apparemment séparés sont reconnus
comme appartenant à un même organisme parfaitement synchroni-
sé selon un rythme sans faille. L’artiste y rassemble en un patchwork, les symboles liés à ce passage obligé
de l’homme quand son regard distancié, loin de tout pathos, préfère l’humour noir, couleur retenue pour
ce dessin d’animation. Une dense nuit noire ; la lune jette un regard torve. Quelqu’un va mourir ce soir.
Soudain, le Carrousel de la mort passe et rien ne peut l’arrêter. Réunis par un fl, des squelettes sautent et
tombent directement sur des révolvers, fatals. Les os patiemment assemblés, sont ensuite décomposés
par une mystérieuse machine les mélangeant de façon si intense qu’ils deviennent indissociables. Les
squelettes, obligés à cette danse mortelle, joignent leurs mains encore une fois avant que la « sinistre
moissonneuse » ne leur coupe la tête pour toujours. Danse macabre ouvre une réfexion rythmique et
hypnotique sur la mort, qui inévitablement oblige chacun à danser, un jour. Simone D.
François TALAIRACH, La peau du tableau, 5 : 47 min., Fr.
Le Radeau de la Méduse dérogeait, dès 1819, lors de sa
première exposition quand un titre trompeur le ft inscrire parmi
la variation « naufrage » des nombreuses marines. Son format
de près de cinq mètres sur plus de sept, sa composition en
trois pyramides des plus stables, les postures des nus et leur
musculature répondaient aux codes héroïques des épopées
et autres exaltations du pouvoir religieux et séculaire, mais le
tableau rappelait un scandale que le gouvernement avait voulu maquiller.
La peau du tableau déroge car dans le refus d’une description qui effacerait le pictural au bénéfce de
l’istoria, elle éloigne le récit et caresse le matériau, la toile au risque de l’exposer trop à la lumière nécessaire
au tournage.
Cette lumière rasante embrasse ou annule les nuances, elle forme des éclats aveuglants mais aussi
s’approche au plus près de la « peau » et de la manière de Géricault. Le lustré témoigne du petit coup de
pinceau net sans retour, sans repentir. Le velouté avec la palette de camaïeu d’ocre, de terre de sienne
perdure mais ce, lié à la menace du tableau, à la maladie inoculée avec l’option du bitume de Judée
pour apprêter la toile. De minimes boursoufures et craquelures et le noir gagnent sous la lumière.
Filmer au plus près les corps, les éléments du réel pourrait répondre à l’attirance de Géricault de membres
coupés - et de têtes de suppliciés décapités - dont il multiplia les études, dessinées ou peintes, et qu’il
- 5. Cinéma UGC / Goethe Institut -