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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 63
aurait exécutées dans un amphithéâtre de dissection de l’hôpital Baujon. Le peintre en composa des
Natures Mortes de fragments posés sur un lin blanc. La peau du tableau malgré la fdélité au fragment, ne
fait pas acte d’historien de l’art mais d’archéologue de la peinture dans son recueil de la trace se diluant. La
plainte de la perte ne chute pas dans le pathétique, au contraire le mouvement d’ouverture se déclenche
avec le déclic d’une petite boîte à musique - écrin à bijoux dit le générique. Cependant, répétitive et
obsédante, cette ritournelle se contamine au noir luisant, quand, sans tonitruance avec une élégante
retenue, et selon le mouvement lent, s’énonce une sorte deTombeau pour tous les tableaux voués à
disparaître par leur emploi de ce noir de bitume. Simone D.
5’. Cinéma UGC / Goethe Institut / Decazeville
Alessandra ARMENISE / Emanuele CORREANI, Fair morning,
3 : 25 min., Angl.
Le renversement des données, le plaisir de pousser le cliché
à son extrême conduisent cette heureuse préparation du
matin : un beau matin selon le titre, un désordre organisé selon
le flm qui se joue des spots diffusés à longueur d’émissions
télévisuelles…
Tous les ingrédients d’une publicité sont convoqués y compris le
proverbe que tel ou tel autre produit s’interchangerait sans
scrupules : Se lever tôt, se coucher tôt font un homme en bonne santé, riche et sage. Cependant tout
s’y dérègle : tasse, sucre, café, cuiller et cafetière s’étalent frontalement sur nappe blanche mais sans
projet d’imitation de Nature Morte, et du fond noir se détachent les mains préparatrices, agissant seules
comme en flm d’animation… Elles saisissent ensuite le TIMES, pages tournées sans lecture, le journal
est froissé et jeté par-dessus l’épaule… le moment du lavage des dents étale le dentifrice rayé sur
brosse à dents rayée mais la bouche grimace, accentue ses mimiques… le visage de profl accompagne
le quasi slogan alors que le signal sonore de police perturbe la quiétude d’emblée malmenée par un
bruitage, aussi précis qu’à haut volume, de chacun des gestes. Les objets perdent leurs contours ou
l’occupation se répète sans raison ou le très gros plan annule la raison d’être de l’image en favorisant
la chute de mouture sur la nappe, en cernant le réceptacle du café, en privilégiant la cuillerée de sucre.
Quant au processus, il n’est pas totalement caché : si le fond est noir et la manipulatrice vêtue d’un col
roulé noir, s’entrevoient le vêtement bleu ou le bout de joue de la « lectrice » : et l’on se souvient des
vingt quatre traductions possibles de « fair » élégant ou acceptable ou propice ce que la vidéo est,
pour notre plaisir de la déconstruction heureuse. Simone D.
Zbigniew CZAPLA, TOTO, 12 : 00 min., Polog., Polish Shorts
L’histoire d’un garçon sensible élevé par une mère seule et
travaillant dur, quelque part dans une province reculée où la
vie s’écoule jour après jour selon des habitudes ancestrales. Le
jeune protagoniste se laisse séduire par un « maître » sombre
et cynique, collectionneur de clés. A la suite de mystérieux
et incompréhensibles événements, le monde de cet enfant
insouciant s’effondre. Le garçon se perd en rentrant chez lui
et sa mère inquiète se lance dans une tentative désespérée
pour le retrouver. Toto en un kaléidoscope d’événements plein de suspense et de crainte raconte
l‘histoire universelle de la naïveté et des rêves d’enfants irréversiblement perdus. Si nous ne trouvons
pas le mot adéquat pour nommer ce phénomène, nous ne savons pas précisément ce qui se passe.
- 5. Cinéma UGC / Goethe Institut / Decazeville -