Page 127 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Cinéma ABC Projections
recourt au rotoscope. Ce montage incite à la construction d’une action narrative
cohérente et d’un espace narratif et en frustre, à la fois alors que la bande-son adopte
le modèle de la musique concrète, pour monter des sons bruts de la bande originale
du film source en écho à ce que Hitchcock lui-même retint plus tard pour la stridence
de The Birds/Les Oiseaux de 1963.
Margot Gaches, Le fantôme de Bill Viola
2min27 | Toulouse, France
Margot Gaches aime les fantômes et sait dire
avec bonheur cette attirance pour ces images
des disparus ; cependant, cette fois elle a choisi
la figure tutélaire de l’art vidéo, Bill Viola, toujours
vivant mais si au-delà du temps ordinaire
qu’elle atteint son au-delà de la quotidienneté
et peut ainsi rejoindre les figures évanescentes
que Margot Gaches poursuit. On se souvient
que Viola a filmé le mirage dans le désert où le corps s’affaiblissait en silhouette
disparaissant, en mouvement lent et temps réel ; c’était Chott el-Djerid et en 1979.
L’artiste dit : « En 2013, dans le froid glacial du Canada, naissent mes premiers
fantômes. Depuis mes recherches sont axées sur la question du fantomatique.
J’interroge la mémoire collective à travers le souvenir personnel, intime. Je recherche
différents moyens de plonger dans des mondes parallèles. Le terme "fantomatique"
devient un concept qui se redéfinit à chaque expérimentation photographique
ou vidéo : pose longue, exposition double, corps en mouvement, ralenti, fondu
enchaîné… Le fantomatique conjugue des temporalités et spatialités extraordinaires,
qui interrogent le réalisme photographique. Le fantomatique, c’est l’intangible,
l’éthéré, l’image latente sur un film non développé. C’est, aussi, la magie visuelle
attribuée à la photographie au cours de son histoire. Le fantomatique, c’est la masse
impalpable créée par les souvenirs ou par le travail que fait l’imaginaire pour rendre
visible l’invisible.
Dans mes recherches plastiques, l’image fixe et l’image mouvement s’entrecroisent,
s’opposent, se bousculent, éclatant en images vidéo et en vidéos photographiques.
À cheval entre l’argentique et le numérique, je mets en exergue la temporalité de la
photographie. Le fantôme en est une résultante. Dans un premier temps, attirée par
l’esthétique dix-neuviémiste de la photographie spirite, je suis aujourd’hui en quête
du fantôme contemporain. Le temps et l’espace y étant à chaque fois deux des plus
importants vecteurs. »
Margot Gaches / Simone Dompeyre
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