Page 123 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018

Cinéma ABC Projections

Ce lexique du savoir est débouté par des flickers perturbateurs, il se dissout en coulées
comme du matériau fondant ; ainsi se rappelle l’origine numérique de leur graphie,
de leur composition… En entrelacs, l’image lancée est fréquemment celle d’outils ou
d’objets créateurs d’images ; sur et sous des aplats de rouge saturé, de vert fluo, de
bleu franc, eux-mêmes en forte opposition dans des espaces cernés du même écran,
leur forme est attaquée, déconstruite. Une collection d‘appareils photographiques
même si elle n’en sort pas indemne est plus longtemps reconnaissable et elle, sur un
fond beige non agressif.

Et si résistent, quelque peu, des images ethnographiques à l’autre pôle de ce travail
c’est pour que leur mise en doute soit plus flagrante encore.

L’image reconnue comme scientifique et comme preuve des textes d’exploration
d’autres continents retient ce que l’on attend d’elle : l’explorateur bienveillant accroupi
entouré d’une tribu africaine auprès de la hutte canonique ; les hommes de la tribu
avancent dansant avec les attributs tout aussi canoniques, ils regardent leur filmeur.
L’image subit l’épreuve de la solarisation, du négatif, de la saturation de la couleur et
de la variation de mouvement par le ralenti tout autant que le reçoivent les fragments
suivant le pendule de Foucault dans son oscillation.

Le brouhaha participe à cette analyse en acte, les voix s’y mêlent sans possibilité de
phrases complètes et compréhensibles, des sons parasites les perturbant.
Le numérique produit en intercode et métalangue, puisque son écriture applique en
acte ce dont il discourt, son propre art poétique.

L’artiste dit rapprocher sa démarche de la pensée de Vilém Flusser qui rappelle que
les images produites par la technologie comme la photographie alors qu’elles se
prétendent témoins du réel ne font que codifier les textes scientifiques auxquels elles
doivent leur origine. L’inter-code incite à réfléchir aux possibilités et aux limites de
la science et de sa matérialisation dans la technologie dans cette confrontation de
l’image et du texte.

Simone Dompeyre

Roberto D’Alessandro, Spazio-Tempo : Voyageur temporel

3min30 | France

Spazio-Tempo/Espace-temps qualifie le cinéma comme
la vidéo en tant qu’écriture en mouvement et plus
encore, ce film éponyme puisqu’il n’est que mouvement
et que le mouvement n’y est que de la suite 0-1.
Ce paysage perdu dans le mouvement numérique y

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