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Cinéma ABC Projections

Brice Bowman, Motel

4min31 | États-Unis

Motel garde le singulier générique de ce type
d’hôtel bon marché et lié à la voiture qui conduit
d’un lieu à l’autre. Au-delà de cette connotation de
passage, d’hébergement éphémère lors d’un voyage
à destination plus lointaine, il s’avère le lieu reflet
de l’American way of life.

Non seulement les divers noms de ces lieux scandent
comme autant d’enseignes scintillantes le processus du voyage comme le processus
filmique. Ils se lisent selon les étapes à la mer, à la montagne, aux grandes étendues.
Ils s’affichent comme des publicités Parnasse/Fleuri/Obséquieux – plus négatif en
français – Impeccable/Prévoyant/Viatique ou dont on se souvient tout comme les
étapes d’un scénario voire de scenarii puisque les genres s’y croisent. D’Argonne,
historique, le premier nommé, à Penury social ou à l’inattendu Imbroglio. Motel
s’ouvre sur des amorces de pellicule, retient tout au long, le bruit canonique de la
projection ainsi que les craquements topiques de ce type de caméra domestique et
son arrêt. Il affirme son écriture du film de vie et de la vie.

Le cinéma, reflet des modes de vie et les films métaphores de cette vie : si le sourire
est de rigueur dans ces films de famille avec les moues d’enfants, les plans parfois
flous, de biais, trop rapides ou répétitifs, peuvent composer des images successives
de la vie : bébé dans les bras d’une mère entourée de ses enfants, enfants sous le
sapin de Noël, en déguisements, en jeux selon les saisons avec, à la suite de l’enseigne
Argonne – rappel de la bataille, l’« incontournable » fusil offert au petit Américain ainsi
que le calot et la sac d’armée de son père, enfants nageant ou enfouis sous le sable,
adolescents plus empruntés et jeunes filles et femmes en défilés de mode, en un duo
succulent de femmes identiques jusqu’au bonnet de bain froufroutant, en une série
de femmes plus âgées avec le chapeau jugé élégant… la bonne noire ne manque pas
davantage que le bel homme au sourire hollywoodien et une jeune femme filmant/
photographiant y est captée.

Diverses montées en avion distinguent les voyages et les périodes successives
mais un seul passage du seuil dans les bras en indice de mariage puisque seuls
les moments heureux sont objets des films de famille. La sociologie s’arrête à ces
familles susceptibles et de voyage et de caméra mais cela n’empêche pas le sourire
devant cet opus si amoureux de leurs traces filmiques.

Simone Dompeyre

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