Page 131 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018

Cinéma ABC Projections

Cela suffit, comme notes ou phrasés, à ce film processuel qui les entraîne en variation
continue, le plan n’étant plus la mesure de ce cinéma. Fondé sur la reprise du même,
selon une montée en puissance du tempo, le film combine en un même élan sériel
image et son. Indissociables, la musique minimaliste – celle de Christian Giger, si
souvent liée au travail de Nino Fourier – et la combinatoire répétitive des images
provoquent l’émoi.

La sortie en interne s’accélère ou passe à reculons, elle varie de couleur jusqu’au
teintage déréalisant ; elle se superpose ou se glisse en dessous d’elle-même ou
des autres plans. L’indistinction et la précision jusqu’à l’aniconique alternent ce que
le flicker surenchérit. L’unicité du plan est contrariée par la segmentation en plusieurs
alors la variation touche aussi l’entre-images, les marges deviennent actives,
s’éclairent en flicker à leur tour en couleur ou noir et blanc.

Le plan premier changeant, lui aussi, de couleur de l’orangé, bleu, mauve…
est séparé en son centre par une bande horizontale du même motif – les ouvriers
en mouvement eux-mêmes – en réduction puis une seconde, une troisième etc…
Les deux qui encadrent s’amenuisant au fur et à mesure tout en variant encore de
couleur. L’effet papillon qui s’est emparé en interne du plan est tout aussi dupliqué
dans ses multiplications du même en variation.

Ce protocole n’empêche pas que le film entraîne en sa pulsation forte, qu’il est
enthousiasme – terme que Nino Fourier rapprocherait peut-être au titre vertovien,
Enthousiasme ou La Symphonie du Donbass, du premier film sonore soviétique,
en 1931, qui exaltait le travail et la mine, en une structure musicale fondée sur la
répétition, la variation et le contrepoint dans son projet de transmettre par ce
« ciné-réalité » les idéaux communistes. Cet enthousiasme-ci prouve que l’expérimental
peut être le lieu d’une pensée libre et en actes.

Simone Dompeyre

Gaëtan Trovato, Trois ormeaux

3min55 | France

En 1996, Michelangelo Antonioni et Wim
Wenders tournent, à Aix-en-Provence
Par-delà les nuages, long métrage croisant
quatre histoires d’amour selon le regard des
cinéastes. En 1968, François Truffaut y tourne
La Sirène du Mississippi avec Jean-Paul
Belmondo et Catherine Deneuve. Ces deux

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