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Cinémathèque de Toulouse  Projections

Arnold Pasquier, Two Michael Snow

4min | France

                                                         L’acte de filmer de Arnold Pasquier est
                                                         indissociablement lié au désir de l’autre,
                                                         à son visage, à sa présence. Ainsi
                                                         pour Michael Snow avec Two Michael
                                                         Snow, comme dès ses premiers films
                                                         en Super 8 : Samuel, Angela-Arnold ou
                                                         avant même ses vidéos  : Je m’appelle
                                                         Nathalie, Après Philadelphie, Allégresse/
                                                         Allegrezza et jusqu’au portrait de Pina
                                                         Bausch avec aurevoirmerci. L’altérité
                                                         aimante engage son mouvement de
réalisateur. Filmé, Michael Snow se tient devant un écran de cinéma où est projeté
un fragment de son film To Lavoisier, who died in the reign of terror. Un zoom avant
se rapproche de son visage, l’image devient floue, jusqu’à la perte de la forme.
Le doublement entraîne de « To/vers, à l’attention de » du titre de Snow au « Two/deux »
de la vidéo de Pasquier puisque en cinéma élargi, le cinéaste Michael Snow est filmé
devant son œuvre. Le film que lui, Snow, a réalisé en 1992, film pellicule, série de
plans presque hasardeux, s’ouvre sur un plan de mains, mettant des bûches dans
un feu pour se terminer par la destruction mystérieuse d’un immeuble. Les éléments
sont unifiés grâce à deux facteurs : les fortes relations qui lient les personnes avec
différentes sortes d’espaces intérieurs et le travail sur le matériau, puisque les images
ont été rayées et même attaquées ; Snow entre dans la lignée des cinéastes qui
appréhendent les possibilités du film comme substance plus que comme médium.
Pas d’intrigue, pas de personnage, pas de dialogue intelligible quand la bande-son
quasi abstraite privilégie le feu : bruit blanc ponctué d’occasionnels éclats de voix, de
musique ou de sons ambiants.

Reste pleine l’admiration sans faille et l’amour porté au cinéaste expérimental
emblématique two/deux fois filmé en corps réel et en œuvre réelle en mouvement.

Pour d’autres films d’Arnold Pasquier, cf. p. 105 et p. 107.

                                                                           Simone Dompeyre

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