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Cinémathèque de Toulouse       Projections

« Grâce à Isou, affirme Ben, j’ai compris que l’important n’est pas la beauté, mais la nouveauté,
la création ».

Esthautomatisme rassemble « Esthétique » et « automatisme » et est emprunté au
mouvement lettriste dans son projet de voir le cinéma et d’en faire différemment.
Et Isou est très précisément convoqué par Clément Beraud qui, suivant son modèle,
avertit des « dangers » de son ciné-prose, ainsi que le premier l’opérait en incipit de
Traité de Bave et d’Éternité, en 1951 déjà. Esthautomatisme débute ainsi : « Il ne
convient pas aux épileptiques. Ce film est l’implosion par le rythme ou la ciné-prose
du xxie siècle. De la bave pour l’éternité. »

Dans son film, Isou défend la ciselure de l’image, avec rayures, peintures, détériorations
de tout genre mais aussi le montage discrépant, qui réclame la disjonction du son et
de l’image, en reconnaissant la bande sonore comme œuvre autonome sans relation
directe avec l’image.

Esthautomatisme adhère à cette injonction : cinq minutes de flashes éblouissants,
incessants, provoquent une lumière sans figuration, sans origine que l’écran
total qu’elle déborde et des images sonores de bataille avec variations d’armes
mitrailleuses, mortiers, tirs, drames divers se chevauchent, se succèdent en autant
de déflagrations.

Un film guerrier sans images dans la lignée de La Chanson de Rio Jim de Lemaître,
de 1978 où le western était sonore sans images et sans nécessité d’images tant les
sons en sont topiques et iconiques.

                                                                           Simone Dompeyre

photo : Thibault Gaugerenques

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