Page 49 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Cinémathèque de Toulouse  Projections

Quant à dévoiler les liens subreptices de film en film de la programmation, le Two
Michael Snow d’Arnold Pasquier, l’un des tribute to de l’édition 2018, est écrit avec et
à l’égard de ce réalisateur expérimental que Akerman disait sa seconde plus profonde
influence après celle du Godard de Pierrot le fou.

                                                                           Simone Dompeyre

Claude Marguier, Rose Movie

5min40 | France

                                              Rose Movie, Plongée sur l’asphalte…

                                              Lost Highway de Lynch débute sur une route
                                              de nuit, mal éclairée par des phares, sans
                                              localisation, en un travelling avant, alors que font
                                              sens les paroles, chantées par Bowie, de I am
                                              deranged où « reel » se traduit par « tituber »
                                              mais aussi « bobine ». L’incipit donne le « la » du
                                              film qui déborde la réalité et la normalité comme
                                              la contradiction d’une autoroute perdue/Lost
Highway le présageait. Quant à Rose Movie, le titre va plus directement encore du
côté du film – alors même qu’il unit images vidéo de routes de nuit et amorces Super
8 – mais celui-ci déroge quant à l’attente ouverte par « rose ». Rose Movie est tout
entier dans le déroulé d’une route dénotée par la ligne centrale et les flèches de
signalisation reconnues dans la vitesse du travelling sans fin autre que la fin du film.
Ce déroulé se redouble du passage de perforations verticales d’un côté alors que
l’autre est perturbé par un informe sombre ; la ligne de route, en oblique, en continu
ou pas, superposée à elle-même, en variations d’axe et d’épaisseur oublie sa fonction
pour faire corps avec le film dont elle devient la métonymie. Le noir et blanc l’emporte
avec quelques halos de couleur ou léger sépia, rien de figuratif dans cette définition
en acte du cinématographique avec ombre/lumière/mouvement y compris interne.

Les changements y compris de vitesse s’opèrent sous la répétition d’un même son,
sourd, réverbéré d’accords de guitare et la trouée, ici et là, d’un aigu sans davantage
de figuration sonore ou visuelle. Claude Marguier se plaît à citer de Don DeLillo, une
phrase de Outre monde, qui, en son début, correspond en effet, à l’effet hypnotique
de Rose Movie « Et vous continuez de regarder. Vous regardez parce que c’est la
nature du film d’ouvrir un chemin dans le temps, de donner aux choses une forme et
un destin. »

                                                                           Simone Dompeyre

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