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Projections  isdaT

isdaT

Michael Lyons, Katagami

3min10 | Japon

Le cinéma purement graphique fut prôné, de même que l’abstraction picturale des
années 1910, très tôt, par des artistes qui privilégiaient l’expression directe de la
couleur au détriment d’un sujet, d’une narration. Outre les Futuristes qui rêvent à
une musique chromatique et tentent le cinéma, peignant directement sur la pellicule,
Léopold Survage défend sa conception du « rythme coloré » comme art autonome…
Années 1920, en Allemagne, ce sont Ruttmann dont Opus 1, le premier abstrait long
de 13 minutes est projeté en avril 1921, Richter avec Rhythmus, Viking Eggeling et
Symphonie diagonale et Fischinger qui déclinent cette écriture, d’abord de formes
simples, géométriques puis plus complexes et portées par des morceaux qui peuvent
être empruntés à Brahms, Verdi ou à Beethoven. Dessins et peintures sur supports
variés du papier à la plaque de verre sont, ensuite, animés image par image. Décennie
suivante, l’abstraction séduit ; Len Lye et Norman McLaren mêlent dans leur animation
de dessins, des objets, des éléments figuratifs…

Les Whitney John et James créent leur premier film abstrait Five Film Exercices
en 1944, grâce à un emploi complexe de rayons lumineux, de filtres colorés et de
procédés optiques ; plus tard, c’est l’ordinateur alors analogique et nouvellement
fabriqué pour Lapis, mandala animé, très en accord avec l’attirance des Indes de ces
années 1960.

L’abstrait ne s’est, ainsi, jamais effacé des projets expérimentaux. Il faudrait nommer
les œuvres processuelles, métriques ; citer les films peints, brûlés, exposés aux
variations météorologiques ; d’autres œuvres de la programmation de L’expérimental
est déjà commencé ? y entraînent.

Et moins encore que d’autres, ces
films refusant le figuratif, ne se relatent.
Un éclairage, cependant, sur ce qui se
déguste comme une musique visuelle,
sur sa manière d’être fait.

Katagami, titre programmatique, en dit,
déjà, beaucoup : les dessins animés
image par image sont les motifs,
généralement faits au pochoir, pour
teindre et orner les kimonos. Ceux-ci

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