Page 50 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
P. 50

Projections  Cinémathèque de Toulouse

Clément Beraud, Esthautomatisme sonore

5min58 | Finlande

Assis devant un grand écran noir,
nous nous préparons à sentir et
à interagir avec la lumière et le
mouvement. Pour être témoins
d’une histoire, d’un conte. Dans
le cinéma expérimental, la rupture
des règles conventionnelles du
cinéma narratif, du rythme, la
dissolution de l’histoire comprise
comme classique, nous confrontent
à notre propre perception, à notre façon de regarder et de comprendre le monde.
Dans un jeu où l’artiste, en toute liberté, explore de nouvelles possibilités narratives
et sonores sans se mettre devant un conditionnement préalable. La couleur dans
une œuvre audiovisuelle est la projection d’une réalité illusoire, créée, peinte à la
lumière. La couleur manipule les humeurs, altère les sens. C’est un point de référence
expressif ; le blanc symboliquement définit la lumière face à l’obscurité, le principe,
l’instable, l’indéfini, le vide, l’hygiénique, l’innocent ou la paix.

Dans l’essai expérimental de Clément Béraud, Esthautomatisme sonore, la couleur
blanche comme l’absence de couleur deviennent un élément intensifiant du son.
Dans une ressource visuelle qui renforce l’impuissance et la douleur auxquelles nous
sommes entraînés par l’implosion sonore. Chaque coup de lumière blanche est une
véritable douleur physique qui passe à travers les mains qui couvrent le visage pour
protéger le faisceau lumineux, qui passe à travers les paupières fermées de la violence
des coups répétés de lumière. La lumière s’est transformée en menace. Chaque bruit
d’éclats d’obus, chaque coup de canon nous fait nous courber sur notre corps, en
enveloppant notre corps comme un bouclier, un bouclier protecteur contre la violence
sonore et visuelle qui transperce notre perception de la réalité. Ressources minimales
pour atteindre l’impact de la peur, saturant les sens et la conscience. Il n’y a pas de
place pour l’indifférence dans cette proposition. C’est un véritable coup de poing sur
la ligne de confort derrière les tranchées.

                                                                           Isabel Pérez del Pulgar

                                                           ***

50
   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55