Page 80 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections  isdaT

l’assertive union du « être et du pas être » des échos de la pensée présocratique
quand le Poème de Parménide confiait le futur initié aux « cavales qui (m’)emportent ».

Saisir que le passage de l’aniconique sur fond bleu à la vision du corps à claire-voie,
que le passage du tournoiement du plan au corps en apesanteur est le point crucial,
le lieu de ce faire, réclamé : « fais, fais, fais ». Saisir que cette poésie incongrue n’est
pas vaine mais qu’elle métaphorise l’énergie, renouvelée, en constant mouvement
alors se comprend la déclinaison du corps danseur : homme crâne rasé, visage blanc
et femme venus du butō, hommes noirs dont les mouvements sont captifs dans leur
entrelacement du corps des autres. Danse-énergie. Danse-signes.

Alors se souvenir que « spin » c’est « tourner, filer, faire tourner, tisser » outre la
polysémie filmique de « tourner », texte c’est « tissu » avec sa « trame » ou son « fil »
narratif, même si ici, c’est plutôt du sujet poétique.

SPIN dans ce lieu des mille livres, dans la connaissance scientifique sous-jacente,
tisse, en effet, un texte, un texte intermédial. Il refuse l’assujettissement d’un art
par un autre, il ne « multimédialise » pas mais fait en agrégeant les potentialités de
chacune des formes et des médiums invités, sans écraser la différence ; l’inter, c’est
ce qui réunit en saccades, en retenant l’interstice. Et l’interstice est aussi celui du
temps, puisque s’y conjuguent, en interpénétrant des univers séparés, la mémoire
et la tension active de l’actuel. La musique fait geste, la voix fait corps, le corps fait
médium, la vidéo fait relation, ils se produisent en contrepoint opératoire. L’interférence
les anime, les éveille.

Ce n’est ainsi pas une propriété nouvelle dénichée dans un médium mais un
changement de perspective dans l’abord artistique.

                                                                           Simone Dompeyre

Francesca Bonfatti, L’Inventario

3min41 | Italie

L’Inventario s’inspire d’un film
de 1917, d’avant le parlant, qui
lui-même se souvient du roman
d’Antonio Fogazzaro de 1881.
Le roman relate l’état de détresse
profonde subie par une femme
souffrant de dédoublement de la
personnalité qui provoque, en elle,
d’étranges souvenirs émergents

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