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Projections  isdaT

Ana Pérez Valdés, Phalena Lunata

2min | Espagne

                                               Dans le projet de discerner ce qui est occulté
                                               derrière le voile, de figurer ce qui échappe
                                               à l’iconique, l’indicible, la vidéo invoque les
                                               spectres. Elle aime les chambres vides où
                                               flotte une présence qui voudrait revenir à la
                                               vie sensible, mais qui devant l’impossibilité d’y
                                               parvenir et dans la souffrance, réagit par la
violence. Le revenant refuse de quitter le lieu, plongeant l’habitant, sorte d’alter ego,
dans un état de paralysie dont il ne peut ou ne sait sortir.

Claudio Capanna, KA

10min | AJC, Belgique

La vidéo débute sous des auspices pleins
de spiritualité, d’ancienneté aussi, jusqu’aux
débuts des temps et de la création par son
titre et un intertitre augural mais son propos
s’implante dans l’aujourd’hui.

Son écriture ne se cantonne pas davantage
à un registre puisqu’en montage parallèle,
elle double le dépassement du réel ;
le rapprochement avec la nature y est relié à la naissance in vivo. L’avancée sur fond
de torrent d’un corps féminin qui s’accroche aux rochers de son lit, entraîne à saisir
différemment le déroulement d’un accouchement dans une salle de maternité.

Le générique final identifie mère et enfant comme Émilie et Sandie, accréditant une
vraie arrivée à la vie, d’une vraie bébé-fille mais l’autre corps convoque le mythème
de la « femme cosmique » en accord avec le pada1 indien cité en exergue de KA ; ce
Mandala X chante la naissance de « l’œuf d’or » qui « dès qu’il fut né, fut le seigneur
de tout ce qui est. »

Cependant le générique passé, le discours image oublie que cet Hymne 121 se
poursuit invoquant celui qui « fit le ciel et la terre » avant de demander qui est le dieu
auquel faire ce/un sacrifice.

Ce qui porte, c’est la relation nature/humain ponctuée d’analogie jusqu’à l’expulsion du

1 Le pada est un poème court qui comporte un refrain, il est chanté avec ou sans accompagnement
musical sur l’un des modes mélodiques traditionnels dits rāga.

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