Page 87 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Cinéma UGC Projections
dont « la couleur était matériau intime » ainsi ces fleurs sont-elles une palette vivante
puis séchée dans les pages du journal. Rouge, blanche, jaune, mauve, rose foncé,
clair… Elles deviennent aussi le modèle du feu d’artifice quand elle le découvre comme
« fleur et feu », et bientôt le champ devient celui des éclats dans la nuit comme autant
de fleurs dans des massifs ; les flashes sont pyrotechniques après avoir été floraux.
Les points de la coda de cette partition en fleur n’ont plus de formes, ils sont couleur
et brillance, traces des « choses qui ne nous quittent jamais ».
Les rossignols annoncés ne sont jamais convoqués, c’est leur chant qui les localisent,
eux qui se cachent parmi les branches, c’est la nuit qu’ils chantent, c’est l’amour
qu’ils chantent. Seul le titre les impliquent et par lui, le souvenir de la grand-mère leur
est lié, elle qui n’apparaît qu’au travers de son désir de faire, de ses projets, de ses
découvertes, parmi les fleurs. Elle dont l’image ainsi se tisse affectueusement sur
fonds du monde et de ses éléments puisque, alors que ses carnets notent tout de
1996 à 1998, pas d’objets autre que cet étrange assemblage de planche et métal,
pas de maison… le temps n’est plus celui de la quotidienneté ; les changements de
tempo ne sont pas liés à une logique d’activité. Le son ambiant en est sourd, parfois
des craquements légers, musique d’écho du vide, le silence.
Cette femme devient la prêtresse d’un monde orné et protégé, outre le jardin sans
limites… le ciel nocturne avec lune ronde et luisante, avec coucher de soleil réitéré,
l’océan étrangement à la verticale suivi des flots de cascade, la terre où tout fleurit
et le feu (d’artifice) lui-même éloigné sous bruit d’orage. L’être-là sans disparition
possible puisqu’en beauté.
Simone Dompeyre
Sarah Ouazzani Touhami, Zuhaitz
13min30 | France
Zuhaitz désigne l’arbre en basque, son
champ sémantique dépasse un seul domaine
de sens, le film éponyme dépasse aussi un
simple domaine de sens, et très augural,
le titre se cantonne au terme sans autre
expansion qui en définirait l’usage.
Certes, l’arbre est du paysage de piedmont,
il donne ses branches au feu de camp individuel, il est au centre du village quand un
bruit de scie connote sa chute pour le rituel païen de sa coupe.
Le projet de Zuhaitz cependant embrasse davantage une poétique des éléments,
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