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Projections Cinéma UGC
dont certes il fait partie comme synecdoque de la terre et métaphore de la croissance,
qu’un regard ethnologique de cette pratique répétée, chaque mois d’août, par les
villageois du pays basque espagnol. La fête n’est vue que de loin, les danseurs se
fraient un passage entre les spectateurs sur la place ou empruntent la rue… et le
groupe des villageois n’advient, capté en plongée, sans distinction d’aucun d’eux,
que selon une longue surimpression gardant la trace de la nature environnante.
Ni tambourin ni txistu mais une composition électroacoustique se plaisant au
désaccordé de la musique, débute sur une stridence inattendue sur le fond noir du
premier plan alors que le titre s’efface. Inversement ce fond sonore n’ignore ni les
éclats du feu, ni les crépitements des bûches ni plus loin le flux de l’eau quand, plus
encore, est privilégiée une famille expliquant à son enfant devant les constellations, ce
que sont la Grande et la Petite Ourse ou pourquoi les moustiques sont attirés par la
peau ou la chaleur de leur feu… L’espagnol parlé s’accorde aux maisons du village,
mais les danseurs de très loin aperçus sont basques, ce que dénotent plus reconnu
que décrit, leur costume traditionnel avec chapeau pointu, espadrilles dont les lacets
enserrent la jambe gainée de blanc, le rouge du corsage, le chevalet autour de la taille
et le plumet de crins de cheval tenus par chacun à la main ou le flambeau.
La vie villageoise s’avère une strophe de cette poésie qui préfère la litote pour les
activités de l’homme fussent-elles ritualisées ou simplement festives.
Elle privilégie d’autres lieux du monde et ainsi débute dans la surimpression d’éléments
et antagonistes et essentiels l’un l’autre : le feu dans l’eau.
Le feu, tout au long décliné, des flammes actives dont l’origine est d’abord cachée,
occupent le champ, puis se sur-impressionnent à l’eau au son réitéré. Le feu sur lequel
une main passe, alimenté par le père avec une brindille, ou parce que hors-champ,
il use de sa hache. Le feu pour l’enfant qui s’en approche.
L’eau sur le lit caillouteux, l’eau tourbillonnante, l’eau du paysage en clausule, rivage
de cailloux avec une silhouette solitaire, colline arborées… sans paroles ajoutées.
Zuhaitz est vidéopoème, son
discours est celui créé par ce
montage images/sons jamais
bavard mais toujours à fleur
d’oreille et de son regard.
Et sa tonalité de calme
étrangeté s’inaugure avec la
figure d’une pouliche blanche,
crinière si longue et longue
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