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Projections  Cinéma UGC

si nombreux pris dans un ultime plan d’ensemble déformé et en plongée, alors qu’ils
multiplient les déguisements. Chaque fois, en leur milieu la danseuse. Reconnaissable
comme eux, en pied ou point rouge diacritique ; en pointillé comme eux gagnée par
la pixellisation due à l’agrandissement du plan. Sous l’image, le pixel constitutif, sous
la foule, l’être humain. L’analogie glisse de plan à plan.

Ou bien, on se souvient de Seurat qui peignit par petits points de couleur sans
les mélanger en appliquant des lois optiques, en se fondant sur la science afin de
déclencher l’émotion et de provoquer l’harmonie. Il croyait fortement en un nouveau
langage de l’art qu’il s’appliqua à démontrer avec des lignes d’intensité de couleurs et
de schémas de couleurs, ce qu’il appela, le chromo-luminarisme. Quant au pointillisme,
il offrait des tableaux aux points constitutifs discrets de près qui disparaissaient sous
la forme, vus de plus loin.

Camouflage loin de nous cacher le réel de l’image, passe par ses points de
constitution, libère l’image du carcan de la ressemblance absolue pour le plaisir de la
danse pointilliste, de la chromo-danse.

La réalisatrice dit : « Filmer le grain de la pellicule est fascinant. Lorsque vous
agrandissez une image, il est alors possible de voir apparaître un nombre effarant de
grains cachés dans l’image elle-même. C’est comme un autre monde ou une autre
dimension, comme si de nombreuses personnes se déplaçaient dans la foule. »

                                                                           Simone Dompeyre

Marilina Prigent, Cerises d’hiver

12min21 | Toulouse, France

                                         La montagne s’impose non comme danger mais
                                         comme maison poétique de l’humain ; la neige n’est
                                         pourtant pas marquée de pas ; indemne, elle est le
                                         lieu de la trace en filigrane d’une enfant dont la robe
                                         a été, elle aussi, la trace en filigrane de son passage
                                         dans cet espace du Valais, ouvert sur ciel.

Histoires réelles et du conte s’entrelacent sans hiatus, effaçant par le flou les limites
de l’une et de l’autre : en début, se relate l’abandon de deux enfants à la porte de la
maison, indice d’un autre âge et de récits faits à la veillée ; le double s’inscrit et augure
celui de deux fillettes réfugiées durant la guerre, Anna et Gilberte… et rien d’autre que
la mention de la guerre au détour d’une phrase ne date la parole qui, elle rapporte
une correspondance.

Elle aussi opte pour la litote, jamais le cri, jamais les mots qui blessent ne s’énoncent

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