Page 89 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018

Cinéma UGC Projections

queue oscillant à sa marche et à la panse arrondie – est-elle gravide – elle avance sur
la prairie en pente, broutant l’herbe mais déjà sous le flux en surimpression déjà de
l’eau puis du feu.

Alors se souvenir de cet autre texte – de mots cette fois – de Sarah Ouazanni :
« C’est d’abord un rêve nocturne/puis un assemblage de rêves/un texte qui devient
matière. » et simplement changer « rêve » par « images vues ».

Simone Dompeyre

Yuka Sato, Camouflage

7min41 | Vidéographe, Canada

Un prélude insuffle l’axe de lecture
sous-jacent à ce qui dépasse la limite
de la vidéodanse. Une jeune femme
japonaise, aux longs cheveux noirs libres,
tournoie sur elle-même en chausson de
danse ; le pas, le mouvement s’entendent
dans le lieu vide ; bientôt alors qu’elle
s’approche de la fenêtre jamais ouverte,
fenêtre exceptionnellement bleu profond, la ville s’entend. De la salle, la danseuse
se retrouve au milieu de tous les autres citadins, après un passage au noir et blanc
brillant de pluie.

Ainsi le corps danseur reste-t-il le guide et le référent de la quête de ce qu’est l’humain
dans la ville immense. Il amène de la salle de répétition à la rue tokyoïte achalandée
en un itinéraire qui refuse la logique du réel et, par là, entraîne à rechercher le propos.
Un œil inaugural en donne une piste : il scrute un hors-champ. Incitant la curiosité,
il précède une figure géométrique de même forme devançant ainsi la transformation
des passants d’abord par le négatif solarisé avant l’effet granuleux.

Plus explicitement, le prélude meut des plis rouges, ceux de la jupe de la danseuse,
leur forme s’efface au bénéfice du rouge qui sature le champ et devient surimpression
de plan d’ensemble tout aussi saturé de la foule de passants sur lequel un doigt
pointe celui-ci ou celle-là. Le doigt pointe le point entre les points.

Dès lors, la quête vole entre images précises et pointillistes que le champ intègre les
jambes, les bustes ou en travelling, l’ensemble social avec la danseuse. Elle atteint les
topiques de la population japonaise : uniformes d’écolières ou de police, salary men,
porteurs de masque antipollution, perruques fluo, costumes d’infirmières. Tous sont
retenus, attendant sur le bord du passage piétons, tous avançant, tous se croisant et

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