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Cinéma Le Cratère Projections
n’est pas advenu, est toujours-encore attendu, ainsi qu’un Godot qu’attendraient
de nouveaux Vladimir et Estragon, et qui s’en étonnent « On attendait mais le train
n’est jamais arrivé » ou plus précisément, le pianiste s’interroge : « Je me demande
combien de temps on peut attendre, quelque chose avant d’arrêter d’y croire ? ».
En effet, attendre c’est espérer… espérer une rencontre, espérer un poste, espérer
un objectif ambitieux. Et tout comme dans le théâtre de l’absurde d’Eugène Ionesco à
Becket, We were waiting for a train/Nous attendions un train surenchérit cette attente/
espoir en une lenteur et une absurdité faisant office de passe-temps – à lire dans sa
littéralité.
Pour une deuxième vidéo du même réalisateur, cf. p. 146.
Antoniy Valchev
Cinéma Le Cratère
Pierre-Yves Clouin, Shooting Star
3min20 | France
Shooting star/étoile filante ou étoile que l’on a
filmée, la double traduction amorce le propos
de Pierre-Yves Clouin qui n’a jamais abandonné
cette possibilité de double lecture. Qu’il filme en
ses débuts, son corps en « contenu explicite »
comme les catalogues qualifient ses œuvres,
alors la vidéo s’intitule Cow Boy, en accord
avec le plan de bas du corps, jambes écartées,
en position de duel, mais la main attouche le
sexe. Le corps, nu encore, devient (c’est) le
veau qui bêle grâce au cadrage détournant le visage et se jouant des mouvements
des membres, de même Workman transforme ce corps humain en être différent…
Depuis ce sont les objets, les lieux, les éléments qui sont ainsi détournés pour seul
exemple : Robin des bois entraîne au versant de l’étrange, des troncs devenant
chimères.
En un nouvel esprit des choses, Clouin sait créer des beautés cachées, dans
l’immédiateté de leur rencontre au gré de ses déplacements. Il accepte l’invitation.
Du quotidien, il trouve la tension, le moment où l’on se plaît à voir autre chose que
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