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Cinéma Le Cratère Projections

de la cérémonie des Golden Globes ainsi que la deuxième lettre de Dylan Farrow
en réponse à Woody Allen qui persistait à nier l’inceste. En proie à une grande
colère, je me suis souvenue de Maso et Miso vont en bateau ainsi que de l’option
esthétique adoptée, en 1976, par le groupe de femmes féministes Les Insoumuses qui
regroupait Nadja Ringart, Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Iona Wieder.
En s’emparant d’images de l’émission de Bernard Pivot, Encore un jour et l’année de la
femme, ouf !, c’est fini, les quatre réalisatrices critiquaient le gouvernement patriarcal
dont le machisme était perceptible jusque dans la voix d’une ministre de l’époque.
Ainsi je me suis directement inspirée pour ma propre vidéo Hollywood est un cercle
de famille, de leur dispositif en composant une boucle répétitive de certains mots/
moments du dithyrambe de Diane Keaton, qui participaient de ma sidération
traumatique puisqu’Hollywood savait les accusations de Dylan Farrow et refusait de
les reconnaître. J’ai téléchargé sur le Web, le discours de Diane Keaton et en ai fait
un montage parallèle avec les textes écrits par Dylan Farrow. La vidéo entrelace les
deux discours concernant le cinéaste, l’un dans une citation simple et claire, l’autre
dans une déconstruction qui irait jusqu’au burlesque si la proximité de l’accusation
n’empêchait le rire.
Dylan Farrow ayant expliqué comment Woody Allen l’avait violée alors qu’elle devait
regarder tourner le train électrique de son frère, je me suis saisie de ses paroles pour
suggérer le viol, de façon réitérée, voulant que le train électrique soit vu à travers
les yeux, parfois embués, d’une enfant violée… laquelle n’a jamais été appelée à
témoigner dans le procès qui a opposé ses parents au sujet de sa garde. […] En
effet, nombreux sont les enfants ayant subi l’inceste à n’avoir pu parler, parce qu’ils
ont intégré l’incapacité de leur entourage et de manière plus large, de toute autre à
accueillir leur parole traumatique concernant le viol et l’inceste sans la rejeter. Or le
silence sur les crimes peut tuer alors que « Woody Allen est un exemple vivant de la
manière dont notre société est défaillante avec les survivants d’agressions sexuelles
et d’abus. »
Rien d’étonnant dès lors, que son frère, Ronan Farrow, ait été, en octobre et
novembre 2017, le signataire des deux articles qui ont contribué à l’arrêt de l’omerta
grâce au hashtag #MeToo, expression inventée par Tarana Burke, une travailleuse
sociale américaine, afin d’inciter les victimes de milieux défavorisés à libérer leur
parole. Forte de ce mouvement, Dylan Farrow a repris espoir d’être entendue et
s’est de nouveau manifestée, lors d’un entretien, filmé cette fois-ci : « I want to show
my face and tell my story ».

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