Page 110 - Catalogue-livre_Rencontres Traverse 2019_L'Expérimental-recherche-art
P. 110
Projections Cinéma ABC
Cinéma ABC
Gianrico Di Gennaro, In the realm of void, seeking the sun
9min18 | Italie/France
Quand void s’entend en expérimental, VideÆvoid
de David Larcher surgit : son projet, débuté en
1982, s’ancre sur la réflexion du vide et sa possible
« image ». En jeu de lettre, le titre emprunte le Æ
scandinave qui fait le o de vidéo présent et absent
pour vidéovoid soit vide/void (void signifie vide).
Ce qu’il désigne comme « a poem of pure nothing/
un poème de purement rien », produit le son
par l’image : la sortie vidéo est branchée sur l’entrée d’enregistrement, ainsi aux
mouvements dans l’image correspondent des variations synchrones sonores, soit
un son coïncidental « situational cacophony ». Larcher travaille, comme Ovide, des
métamorphoses mais ce sont celles du champ magnétique… la bande est son sujet,
son propre référent.
Quand après Super Void, Gianrico di Gennaro implique le vide dans son titre In
the realm of void, seeking the sun que l’on peut traduire comme Dans le royaume du vide,
à la recherche du soleil, il écrit sur du footage, plans de nature, de marine en Super 8,
aux bords évanescents, érodés en quête de la lumière. Il va de la mer toujours
recommencée, avec traces sur le sable ou plages caillouteuses, aux arbres nus façon
sculpture, au soleil à travers les arbres, aux pigeons et à la quête d’objets du monde
des hommes comme cette balançoire encore en mouvement, cette cheminée ou
cette lumière de contrôle mais en ces espaces toujours vides (hormis les oiseaux). Il
écrit les sons de métal grinçant devant une canalisation, les vibrations devant des
monuments détruits aux fenêtres béant sur rien, du dernier mur debout, des bruits
d’avion, la sirène alarmante sur des éclairs avant une pendule improbable, une
antenne restée là avant l’accélération, les craquements, des ombres fugitives et les
sursauts d’une voix déformée. Ainsi qu’un arpenteur en film qui parvient au noir
du sans-image, de l’image voilée, des rayures en rappel du médium, des zébrures, il
quête le soleil, à travers les matériaux, les murs, les frondaisons des arbres, parfois
guidé par le bruit même du soleil.
L’artiste explique : « Filmée dans trois pays différents – l’Italie, la France et l’Île
Maurice au cours des quatre dernières années, cette vidéo a employé quatre bobines
Super 8 expirées – Smena et Kodachrome – développées avec du Caffenol C, chez
110