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Musée des Abattoirs  Projections

La polyvision s’oriente en verticale mais aussi en une moins fréquente superposition
horizontale. Elle va crescendo ou revient au plan unique. La couleur y participe
dénaturalisant l’espace et les hommes, scindant le diptyque, le transformant par
le passage au noir et blanc. Parfois l’élément est renversé comme ce visage réitéré
d’une jeune femme aux cheveux bruns. Parfois il se réduit en points de couleurs
mouvants…

L’artiste dit  : « Le film est une métaphore des efforts d’expérimentation de la
société de “quelque chose” qui circulerait hors du corps, ainsi l’esprit qui volerait
par le recours aux avions. L’esprit vole encore après la mort des individus puisque
leurs expériences et leurs relations avec les autres perdurent chez ceux qu’ils ont
connus, par leurs activités sociologiques et les rassemblements familiaux. Ainsi
les humains vivent-ils pour toujours ou du moins durant des décennies et des
décennies voire des centaines d’années, avant que leur esprit cesse d’être vécu par
d’autres. FLIGHT décrit la diffusion de l’esprit humain comme réalisée et vécue
lors des cérémonies sociologiques telles que la danse archétype et moyen de fuir la
banalité des expériences quotidiennes de la vie dans les rituels. Les adultes filmés
par FLIGHT manient des modèles réduits d’avions alors qu’ils prennent leur envol
représentant ainsi des âmes qui s’envolent dans l’univers. […] Un autre modèle du
vol, l’eau comme image du subconscient qui entre en contact avec son patrimoine
généalogique, comme membre de sa famille et dans une société plus large. L’explicit
concerne le départ de la vie physique et le passage à “l’autre monde”. »

                                                                   Simone Dompeyre

Karen Luong et Jérôme Cognet, CIEL DÉGAGÉ 3/10ÈME

6min11 | France

                                                 On sait que l’éclat resplendissant des
                                                 dieux, dans l’Antiquité, rend leur contact
                                                 au plus haut point périlleux. Qui les voit
                                                 dans leur lumière s’expose à la mort. C’est
                                                 que la lumière, par son éclat divin, assure
                                                 la visibilité de toute chose mais elle peut
                                                 également rendre aveugle, comme elle
                                                 peut consumer jusqu’à la cendre celui qui
                                                 voudrait en faire de trop près l’expérience.
                                                 Nous avons perdu les dieux antiques.
                                                 Nous avons gagné la science.

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