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Performances  isdaT / Chapelle des Carmélites

S’ils déclinent leur geste, en sculptures mouvantes  – non singing mais moving                crédit photo : Kaëlis Robert
sculptures –, ce seraient autant de statues particulières dont l’option de la cambrure,
du membre plié ou largement ouvert, de la jambe en avant, de la tête pensante ou
dirigée ferait signe vers tel ou tel sculpteur mais non vers une monographie d’un
auteur.
Ainsi cette manière distincte de répondre au protocole – s’agiter sur place porteur
de lourds assemblages de petites clés près de l’autre, dans un espace circonscrit que
l’on plie et déplie – ferait loupe sur nos comportements individuels sur le terrain
social, quand chacun répondant à la demande sociale respecte la réponse de l’autre
à l’intérieur de l’espace commun.

Au-delà d’une résolution trop simple – trouver la clef de l’énigme et autres jeux
faciles – n’est-ce pas la définition même de la performance qui s’y actue.
La performance, nouveau rite artistique qui n’est que
dans ce là, dans le territoire qu’elle se dessine, dans le
moment qu’elle emplit ; qui se noue et se dénoue non
comme le dénouement narratif heureux d’’expliquer
l’intrigue, l’entremêlement des fils du récit mais parce
qu’elle est faite dans ce temps-espace, puisqu’elle est à
elle-même son propre référent, qu’il n’y a pas de reste –
sinon la trace mémorielle.
Le tapis se replie, il n’y a pas d’autre résultat que le souffle coupé, c’est le dénouer
qui importe. Ce qui se communique, c’est son existence durant sa durée.
Pour être/se faire, la performance se noue et se dénoue.

L’artiste dit : « Les parures sont constituées d’une multitude de clefs récoltées dans
divers lieux et de diverses époques. Elles se cognent les unes aux autres en un son
musical très intense, selon les déplacements des performers et ainsi symbolisent les
histoires que l’on porte, soit force et richesse dans laquelle puiser soit poids difficile à
porter. Elles peuvent nous étouffer, nous blesser, nous affaiblir, elles peuvent s’avérer
destructrice pour soi... C’est pourquoi il faut pouvoir s’en défaire. On ne peut les
porter quotidiennement.
Elles s’inspirent du fétiche portant en elles, la mémoire des clefs chargées d’histoire
des intimités et des lieux qu’elles ont accompagnée.
Comme autant de masques, les parures réclament force et endurance pour
être portées et dans ce rituel, elles mettent à l’épreuve notre résistance, jusqu’à
l’épuisement et au dépassement de nos limites. »

                                                                   Simone Dompeyre

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