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Musée des Abattoirs  Performances

crédit photo : Anne Murray  Le regard sans détour sans viser personne mais captateur à la Frida Kahlo aux
                            semblables cheveux noirs, couronne sur ces yeux-là.
                            Et dans la nudité ; elle oblige au regard tactile sur le corps, elle oblige à la relation,
                            à l’écoute du langage du corps.
                            En mouvements de couleurs : rouge/blanc/noir : les titres en sarde.
                            En deux registres : le corps présent et le corps en film/La performance actuée et la
                            vidéo performative.
                            Le corps/le texte dire sans proférer.
                            S’inclure dans l’Histoire.
                            La lignée des femmes en performance.
                            La lignée des féministes activistes.
                            Le découpage/les slogans, le drapeau : Ni dieu ni maître.

                                                                           L’Histoire est oublieuse des actions des
                                                                           femmes, l’histoire des arts ne fait pas
                                                                           exception. Qui sait que parmi les Futuristes
                                                                           se revendiquant « sans traditions, ni maîtres,
                                                                           ni dogmes » et appelant à la destruction du
                                                                           Solennel et du Sublime, Valentine de Saint-
                                                                           Point, en 1913, écrivit le Manifeste du désir
                                                                           et se produisit, en décembre, à la Comédie
                                                                           des Champs-Elysées devant de grandes
                                                                           toiles colorées par des faisceaux de lumière,
                                                                           alors que sur d’autres murs se lisaient des
                            équations mathématiques, sous la musique de Satie et de Debussy et qu’elle dansait
                            Poème d’Atmosphère lié à des poèmes divers d’amour et de guerre.
                            Depuis les femmes participent à cette implication du corps, du corps visible, du
                            corps revendicatif de la place qui leur est due dans la société ; sans égrener l’entier
                            inventaire, pourtant nommer celles qui ont phénoménologiquement œuvré à cette
                            reconnaissance parallèlement – et parfois en opposition quand leur est reproché de
                            faire le jeu du voyeurisme, du modèle de femme-objet – aux théoriciennes féministes
                            dans la protestation radicale des années 1960.
                            Ainsi s’imposent d’Abramović  – peut-être même plus qu’Ulay longtemps son
                            double en action et en vie  – Judy Chicago, Valie Export, Lygia Clark, Shigeko
                            Kubota, Anna Mendietta, Yoko Ono, Orlan, Gina Pane, Pipilotti Rist, Martha
                            Rosler, Cindy Sherman, Carole Schneemann, Hannah Wilke et Chiara Mulas et
                            toutes les artistes femmes qui ont actué à Traverse avec cette détermination-femme.

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