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Chapelle des Carmélites Performances
crédit photo : Anne Murray Chapelle des Carmélites
Giovanni Fontana, Epigenetic Poem
20min | Italie
L’emprunt du terme scientifique pour cette
poésie en actes l’inscrit dans le champ de
réflexion inhérent aux œuvres de Giovanni
Fontana1. Le corps n’est pas sans voix, ni
la voix sans idée. Bruits, sons articulés du
souffle, du mouvement du corps, de la
réverbération de la voix se répercutent sur
les murs de l’espace performatif. Le champ
de relations de la poésie épigénétique
est aussi travaillé par le lieu ; la Chapelle
ajouta à la « contamination », elle ajouta
au court-circuit des médiums entrelacés.
D’abord la combinaison blanche de l’ingénieux en langue y était remplacée par
le vêtement simple de l’homme qui parle dans le lieu historié et historique. La
projection travaillée ainsi que la voix en replay avec scansions, superpositions,
dédoublements fut là, ombre portée du polyartiste…
Immense jusqu’à atteindre le plafond de la chapelle, occultant ou désignant le
tableau sur l’autel ; autel qui diversifiait l’ombre du corps parfois tourmentée parfois
menaçante ou convoquant celui qui dans l’autre ombre, celle de la nef, entendait,
écoutait, veillait à cela qui avait lieu.
La lumière des deux spots traçait un grand espace mais le corps performé le
débordait, oscillant, se penchant, rarement l’acceptait calmement puisque les
gestes le repoussaient, l’accablaient. De la douleur s’exprimait… dans cette tension
à laquelle la voix structurante et perturbant à la fois ajoutait rythme soutenu,
halètement et des mots signifiés, allongés, saccadés repris.
L’ultravoix débordait le simple parler mais elle disait Mozart, perte, quête,
souffrance.
1 Cf. catalogues des Rencontres Traverse 2017, 20 ans ce n’est pas rien, p. 89.
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