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Performances                                 Chapelle des Carmélites

                                                              crédit photo : Kaëlis Robert

Le poème, ce soir, à la Chapelle, se fit le
tombeau du compositeur. Non le tombeau
dont Mozart manque1, mais, faut-il le
rappeler, ce mode littéraire puis musical,
qui se reconnaissant une source, lui voue
un fervent hommage et écrit sur sa trace.

Certes Giovanni Fontana ne reprend pas le
mode de composition de Mozart comme
le genre du tombeau l’implique mais il y
reconnaît le grand Ancêtre et lui voue cet
opus, gage de grande admiration. Comme
poète, il n’inscrit pas des fragments mozartiens comme matériau à sa propre écriture,
il s’échappe de la simple reconnaissance quand proférant sa propre partition, il
entonne une plainte envoûtée.

Interlangue opératique quand cette épithète provoque la superposition du type
filmique qui rassemble et garde distincte les couches. Cette épithète condense la
pulsation essentielle qui fait sa partition et le rappel d’une immense part de l’œuvre
mozartienne.

                                             Simone Dompeyre

                                                                                                                                                                                                                                                  crédit photo : Anne Murray

1  Quand Mozart mourut d’une insuffisance rénale qui empoisonnait son sang, Joseph II avait promulgué des
lois sévères réduisant les coûts des enterrements jusque-là – littéralement – ruineux. Par ailleurs, pour économiser
l’espace restreint des cimetières, les corps enterrés le même jour l’étaient dans la même tombe – du moins pour
les enterrements troisième classe, le seul auquel pouvaient prétendre les roturiers et, dès lors, Mozart. Ces tombes
communautaires étaient pour la même raison de manque de place, vidées tous les sept ou huit ans.
Par ailleurs, craignant les réveils « d’enterrables », les cercueils restaient ouverts une nuit durant ce qui raréfiait
voire annulait les accompagnateurs lors de la mise en terre… Mozart fut enterré en la seule présence des fossoyeurs
comme tant d’autres. Cependant Constance, sa femme ne paya pas les frais obligatoires… les admirateurs de
Mozart le lui réclamèrent, dix-sept ans après lors de son remariage et si elle accepta, c’était trop tard puisque le
fossoyeur chargé de l’inhumation était mort et les fosses de 1791 retournées. Ainsi l’on ne sait où est enterré Mozart.

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