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isdaT Projections

Marie-Stéphane Salgas, Je ne connais pas Marguerite D.

3min12 | Toulouse

                                            « Je ne connais pas Marguerite Duras... »
                                            Autour de cette phrase énoncée dans une
                                            chambre d’hôpital, au sein d’un discours qui
                                            suit sa propre logique, Marie-Stéphane Salgas
                                            tisse un cauchemar par touches pointillistes.
                                            Comme dans ses autres productions, elle crée
                                            une œuvre pénétrante et dérangeante, avec
                                            des techniques minimalistes et inversives  :
                                            distorsion sonore, vidéo noir et blanc inversée,
perte de l’horizontalité. Comme l’explique l’historien Patrick Boucheron, le
spectateur est « piégé par le visuel » et confiné dans l’angle de vue depuis un « au-
delà » que la raison cherche d’ordinaire à esquiver. M. S. Salgas le contraint à voir
l’âme humaine qui s’échappe, une vision de l’entre-deux, aux confins de la mort,
« sans issue possible ». L’étonnante scène finale conclut l’ascension implacable de
cette œuvre poétique et glaçante.

                                                                   Olivier Louisnard

Nils Mooij, Pantha Rhei

5min04 | Pays-Bas

                                            Panta Rhei/Toutes les choses coulent inscrit le film
                                            éponyme dans la question philosophique sur
                                            ce qui fait que les choses sont ce qu’elles sont ;
                                            plus précisément, cette formule condense
                                            la pensée du présocratique Héraclite selon
                                            lequel rien ne reste dans un être immuable.
                                            Son axiome peut se traduire par « Rien n’est
                                            stable, tout se meut ». Il exprime cette idée du
                                            monde comme flux perpétuel par une image
simple : nul ne peut plonger deux fois dans le même fleuve ; puisque le flux emporte
les eaux toujours différentes elles-mêmes créatrices du mouvement. Le film non
seulement prouve cette force de l’élément aquatique, par le montage de fragments
de home movies filmés pendant les vacances et autres activités d’anonymes dans le
parc de Yosemite, en Californie comme dans les Aukland et encore ailleurs. Ce
sont des trombes d’eau, de l’écume débordant le champ ou le calme d’un lac qu’un
homme assis sur un banc contemple et celui d’un bord de plage où se promènent
de jeunes filles. Ce sont des pluies d’orage tumultueux et de gouttières débordantes,

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