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isdaT Projections
La caméra-drone filme l’artiste, vêtue de noir, pendant qu’elle peint un “carré noir
sur un sol blanc”. La plongée créé la distance, le regard en position panoptique a
l’impression de scanner la surface du plan. Cependant, dans l’acte “anachronique”
de la peinture, l’artiste disparaît sous cette prise de vue du drone. »

Bettina Hoffmann, Silent Office

9min37 | Canada, Vidéographe

Une cantine. Une salle de réunion.
Les réserves d’un grand magasin et ses
mannequins en attente de vitrine. Chaises
gris souris empilées. Sacs en plastique blanc
au sol.
Une femme vêtue seulement d’un chemisier
saumon entre dans le champ. Son corps
souple se courbe à l’oblique dans un effort
pour déplacer entre les sièges un garçon
assis sur une chaise de bureau. Peut-être un hôpital psychiatrique.
Maintenant, sur le devant de la scène, au centre du lieu, l’objet inanimé s’éveille.
Ses membres se meuvent avec lenteur, les doigts se tordent, pourtant, la grâce est
là. Une femme plus âgée rampe sous et entre les chaises. À droite, une jeune fille
debout, inquiétante. Deux autres garçons.
Lentement, les non-mannequins reprennent vie. Vissés ou pas à leur chaise, ils
entament une danse étrange et fascinante dans cet espace aseptisé.
Visages inexpressifs. Membres tordus. Désaxement des corps, danse macabre ?
Non, poétique et minimaliste.
Bruits de sacs, de chaises.
Un store blanc relevé, révèle derrière une baie vitrée la jeune femme au chemisier
saumon, debout, immobile. Qu’attend-elle ? Que guette-t-elle ? Le store retombe.
L’autre jeune femme est prise de convulsions. Tous les mouvements sont lents.
Hachés mais lents. Souffrance.
La jeune femme au chemiser saumon entre dans le champ. La récréation est finie.
Dans ce qui semble un grand effort, elle fait quitter le jeune homme au premier
plan, le du champ de la caméra.
Déraison, dérèglement, trouble, désordre, déséquilibre, perturbation.
Intérieur nuit.

N’était-ce leur jeunesse, on pourrait les croire dans la salle commune d’une maison
de retraite. Butō vs pavillon Alzeimer.

Marie-Stéphane Salgas  49
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