Page 87 - Catalogue-livre_Rencontres Traverse 2019_L'Expérimental-recherche-art

Cinéma Le Cratère Projections

épaisse d’un pinceau précèdent un plan de foule dont elles seraient chacune la tête
d’un manifestant. Plan qui rejoint celui de la danse première des Indiens et est suivi
d’autres images du monde ainsi que, plus étonnamment, des danseurs en peinture
rose coiffés de chapeau tout aussi actifs.
En écho au jeune lanceur de projectiles, la danse s’achève par un tir de fusil, en
plan adressé, et dont la flamme danse… Arme tenue par qui, cela ne s’explicite pas.
Emilia Izquierdo ne fait ainsi pas œuvre de restauration cinéphilique, elle revient
aux sources de la danse sioux et non à son usage de divertissement provoquée par
Edison.

L’artiste dit : « L’œuvre interroge les notions de pouvoir, de résistance et le choc
des cultures en combinant le tactile et la touche numérique, et en explorant le
cosmique, le magique, la technologie et le politique. »

Simone Dompeyre

Maxime Jean-Baptiste, Nou voix

14min24 | France

Le film expérimental transforme en expérience
personnelle la réception de faits du passé. Le projet
politique de Nou voix ne se résout pas en une phrase
accusatrice qui entraînerait à prendre conscience
de l’injustice de certains procès concernant les
Colonies voire de la réticence pour certains devant
l’égalité Guyanais = Français.
Nou voix le fait et le dépasse par la matérialité
donnée à sa revendication.
Les voix sont accordées en trois régimes : le procès, en un champ-contrechamp au
moment du verdict favorable, se scande en fragmentations répétitives, décomposant
les attitudes / L’écran noir sans figuration autre que des fragments de texte en simple
écriture blanche devient le lieu de ces voix en off / Une nouvelle décomposition des
plans de l’avancée agitée, sur une rue non bitumée, d’un petit groupe d’hommes
tenant des bâtons et de femmes en robes à carreaux typiques, s’achève sur le gros
plan d’une femme criant sans autre son que ceux du poème se poursuivant.
Les plans repris transforment le procès et la manifestation/procession en étranges
mouvements sur place, allers et retours, sauts. La gestuelle est prise en une répétition
qui s’approche du burlesque dans un rythme destructeur du calme nécessaire à un
jugement ou faisant d’une manifestation une danse colorée.

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