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Projections  Cinéma Le Cratère

parasites suivent ses pas : souvenirs des jours où les enfants jouaient et les adultes
simplement vivaient ou espérance de leur retour ainsi le cocorico par deux fois,
ainsi la poule caquetant qui traverse le champ en quasi clausule. L’atmosphère est
peu référentielle, elle se fait métonymie de tous les lieux et des humains détruits par
la barbarie humaine et du désir peut-être insensé mais indispensable de choisir le
sens du sel de la vie contre la stérilisation de la vie par le barbare en l’homme.
Une poétique poignante sans mots parce que le film peut instaurer cet espace de
pensée – militante et non propagandiste.

                                                                   Simone Dompeyre

Emilia Izquierdo, Ghost Dance

3min46 | Royaume-Uni

                                            Avant le western, les Indiens dansaient déjà sur
                                            pellicule 35 mm. La Danse des esprits était l’un des
                                            numéros d’attraction de la troupe de Buffalo
                                            Bill mais le cinéma des premiers temps, même
                                            si Edison en était le réalisateur, n’enregistra pas
                                            le tambour les emportant dans son tempo. Ce
                                            bref plan de 17 secondes capte, au plus près,
                                            ces hommes avec grande coiffe de plumes
                                            entourant deux jeunes de leur tribu sioux, pour
                                            une ronde circonscrite dans le champ.
Cette image en accord avec le projet annoncé, perd de son iconicité et entraîne
d’autres esprits puisque Sioux Ghost Dance en efface la précision, la renverse en
blanc/noir, l’entraîne vers la transparence ou la superpose à d’autres danses
actuelles celles-là, en réaction au pouvoir. Le film débute sur la tonitruance de pluie
torrentielle transposée en flicker blanc et noir sur lesquels des traces peintes suivent
l’Indien danseur reconnaissable aux mouvements. Il saute, tourne, brandit une
hache, se superpose à un carré qui intègre un premier cercle incluant lui-même des
points blancs, figuration des mouvements rituels de cette danse de la pluie.
La réalisatrice y voit une « protestation, une forme de résistance que les Amérindiens
par cette Danse Fantôme (lançaient) contre les colons blancs en Amérique du
Nord ». Elle répercute, en divers lieux, sa lecture de la danse comme résistance, en
empruntant des plans reportage de manifestation où parfois la danse traditionnelle
y est pré-texte puisque tel jeune homme après sa virevolte lance un projectile vers
ce qui reste en hors champ, mais contre lequel il agit.
Après la pluie obtenue, de nombreuses taches blanches comme posées par la pointe

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