Page 65 - catalogue_2013

Traverse continue...

Pourtant sans changement sonore, les éclairs et les éclats deviennent ceux d’une fête agréable

aux Soviétiques – selon le code vestimentaire fort éloigné des uniformes allemands : bonnet de fourrure

ou costume d’un jeune homme. Et puisque la guerre ouvrait le morceau, sa suite se lit comme la victoire

de ceux qui étaient initialement visés.

Le matériau Actualités de la Seconde Guerre mondiale devient la preuve de la nécessité de lire

au sens fort du terme et non d’accepter sans questionnement, de consommer les actualités. Hermeneutics

n’est pas une révision de l’Histoire mais un réveil pour engager à cette pratique indispensable de la lectu-

re avec le –s du pluriel, qui double la vigilance. Il ne s’agit pas de jeter Une lecture pour une lecture UNE.

Ainsi dans sa brièveté, le film est un solo virtuose de montagiste. Pas de voix over qui condui-

rait voire définirait UN sens, les plans se lient selon une tactique du renversement, préparée pourtant

depuis l’ouverture : les feux des armes éclairent l’obscurité des nuits meurtrières comme les feux d’artifi-

ces, qui réclament eux aussi de la poudre, illuminent l’obscurité des nuits de paix et de bonheur.

L’espace filmique garde le noir et blanc qui stylise les silhouettes ainsi nettement marquées, il

se fait écrin des visages souriants de spectateurs comme d’abord de ceux de jeunes soldats armant et

dirigeant les canons. Empruntez des images d’archives et obéissez aux canons d’écriture vous produirez

des attentes attendues ! Changez l’ordre des plans, ou glissez des images d’ailleurs, l’Histoire est tout

autre. Simone Dompeyre

David MYRIAM, Récession Terminale, 4'32, 2012, France
Récession Terminale se nourrit de l'émotion. Dans le refus de l’histoire, du
héros, voire des paroles, le propos est porté par la puissance signifiante des
images, mentales et charnelles, abstraites et réalistes à la fois.
L'involution - évolution à l'envers - d'un être humain signifie l'impasse
destructrice de l'humanité toute entière. Quand cette personne ferme les
yeux, elle bascule dans une réalité métaphorique, où le monstre en elle
perce le vernis de civilisation. Des figures guerrières, mutantes, dévoreuses s’y succèdent, pour
recomposer une enveloppe charnelle archaïque.
Accélérée par les nouveaux moyens technologiques, la robotisation est son horizon, car pour fuir, pour se
fuir, l'humain se perd en pensée binaire, en simple mécanique. Son objectif, conscient ou inconscient,
s’avère ainsi destruction de son être jusqu’à ne plus penser, ne plus être libre.
L'image lisse et réaliste se dégrade, se décompose/recompose en une froide mécanique aveugle à
l'image des marchés financiers planétaires guidés par des logiciels robots du titre de la vidéo.
La beauté organique et mouvante du sable traduit efficacement cette mutation létale. Une seule scène s’y
transforme, reflétant le processus implacable, le piège où toutes les figures s'entremêlent en accéléré alors
que la bande son rend sensibles les transformations et leur accélération chaotique.

Franck PITOISET, La disparition, 6', 2011, France
En une histoire de disparition sur des fragments de nouvelles de Virginia
Woolf, le film-vidéo interroge les rapports narratifs entre le cinéma, la vidéo,
l’adaptation d’une œuvre littéraire et le son.
Les mots de Virginia Woolf sont notés comme des dialogues en sous-titre.
Les sons supposés correspondre aux sous-titres sont des emprunts
sonores du film Mère et fils d’Alexandre Sokourov.
Réalité ? Fiction ? Vrai film ? Vrai vidéo ? Réelle adaptation ?... Les histoires d’une disparition…

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s) 65