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                                                           Sandrine DEUMIER, Gélule-love, 1', 2011, France
                                                           “Utilisant la matière du mot comme image et l’image
                                                           comme vecteur du mot, j’utilise le médium vidéo et la
                                                           poésie sonore pour exprimer une forme de matière
                                                           inconsciente du soi.
                                                           Le processus du conte est un vecteur de transgressions
     sous couvert de l’imaginaire. Mon travail est essentiellement axé sur le vidéo-poème, la poésie sonore, la
     performance poétique et l’installation in situ. J’emprunte le processus du conte comme initiateur de fictions
     et approche du réel. Je retiens la matière mobile de l’image comme un reflux textuel sous-jacent.
     Mêlant dessins de fiction et poésie sonore, sculptures, et mises en espace dans des installations in situ
     aux confluences du percept et d’une approche sensible du mot, mon travail questionne le processus d’une
     poésie sonore à l’œuvre dans l’installation.
     Entre espaces de consciences et espaces corporels, ce serait comme des espaces sensibles qu’il y aurait
     à redéfinir, une sorte d’approche poétique des espaces corporels. Je cherche à redéfinir des zones
     pré-sensibles – et de sensations, dans des limites adjacentes aux zones de hors-consciences. Je cherche
     des zones de consciences où tout serait à redéfinir.”

                Gélule-love, ce pourrait être le nom d’un site érotique or c’est un lieu / non-lieu. Un fond blanc où
     entrent en jeu des dessins de très jeune femme, au singulier car la même figure se réplique. Ce n’est ni
     une suite, ni une conjonction, mais un espace virtuel sans profondeur ni distinction, et si une table
     supporte un appareil à mixer les aliments, elle n’implique rien d’autre. Si certains gestes sont motivés, ils
     restent indépendants des autres, la proximité n’est que celle de leur visualisation.

                Ces gestes portent la brutalité mais sans mimique, ni rapidité appropriées, bien plus ils
     réunissent des incompatibles, une kalachnikov sous un bras, un ourson en peluche sous l’autre. L’arme
     peut rester seule, ou être pointée… vers le rien ; en revanche, l’enfance est éminemment meurtrie par le
     sacrifice du jouet, démembré, placé dans le hachoir et avalé. La métonymie de la douceur est détruite.

                Une voix dirige et décide de ce monde, elle-même plane dans un même entre-deux : la douceur
     par la tessiture et la tonalité et la cruauté par le poème susurré et la modulation d’enregistrement électro-
     nique : “des armées dans des champs de fleurs volcaniques, des tanks en chantier dans des ravalateurs
     de lumière”.
     Les enfants se disent tout bas des contes de peur pour échapper à leur peur, ils disent la menace pour la
     dérouter… cette gélule pourra-t-elle suffire à éloigner ces violences toujours frémissantes de nos sociétés,
     l’écouter encore et encore, du mois, pour calmer cette angoisse.

                                                                                                     Simone Dompeyre

                                       Barbara FRIEDMAN & Gilivanka KEDZIOR, [Semaphore], 2'54, 2012,
                                       France
                                       “Parfois, lorsque partout alentour l’obscurité étouffe les derniers souffles par
                                       sa densité, viennent à nous des images. Visions fugaces qui se jouent de
                                       notre raison, comme autant de balises isolées, signaux énigmatiques
                                       révélateurs d’un autre espace-temps, perdu, oublié, occulté. Troublées par
                                       la mascarade des souvenirs-écrans, des voix s’élèvent ; des échanges
     familiaux et familiers reprennent leur place, un instant, soulignant l’évidence des non-dits.
     J’avais pourtant effacé les traces de cette autre histoire.”

66 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)
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