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                  Mariane MOULA et Carole THIBAUD

                                                Au Musée des Abattoirs

                                                                  (...)

                                                        Des images venues de nulle part

                            L’œuvre (...) des artistes Mariane Moula et Carole Thibaud qui clôture le programme des projec-
                 tions cinéma et vidéo au Musée des Abattoirs de la 17ème édition des Rencontres Traverse Vidéo a su

                                                                                             réactiver de manière convaincante
                                                                                             un emploi original du terme expéri-
                                                                                             mental en art.
                                                                                             À l’arrière de la salle sont placés côte
                                                                                             à côte quatre projecteurs 16mm et
                                                                                             une machine à coudre. Le dispositif
                                                                                             pique la curiosité. Débute quelques
                                                                                             minutes plus tard une performance
                                                                                             faite de projections 16mm. Mais que
                                                                                             fait une machine à coudre dans un
                                                                                             tel contexte?
                                                                                             Graduellement, l’écran s’obscurcit et
                                                                                             on entend des bruits secs dispersés
                                                                                             dont on ne découvre pas du premier
                                                                                             coup, la source. Sur cet écran noir,
                 un point lumineux apparaît subitement et disparaît aussitôt. Les spectateurs s’étonnent et ne comprennent
                 absolument pas ce qui se passe. Y aurait-il un problème technique? Puis d’autres points apparaissent
                 accompagnés de bruits incisifs. En fait, on entend simultanément le son produit par les projecteurs et celui
                 de la machine à coudre. Les points lumineux en plus grand nombre s’agitent et l’on pressent un lien entre
                 ces deux événements.
                         L’attention se déplace au fond de la salle où la performance s’effectue. Le spectateur constate à ce
                 moment que la pellicule est utilisée comme matière première pour expérimenter l’image sans caméra et
                 pour produire des sons telle une « lumière bruyante ». On songe immédiatement aux expérimentations du
                 réalisateur canadien Norman McLaren (1914-1987), expéri-
                 mentateur et expert en cinéma d’animation. Son nom est
                 étroitement associé à l’Office national du film du Québec où
                 il a œuvré entre 1941 et 1983.
                 Il faut rappeler que McLaren poursuivait le travail de Rudolf
                 Emil Pfenninger (1899-1976) ingénieur allemand et pionnier
                 du film d’animation. Ce dernier a tracé des pistes explora-
                 toires étonnantes et a mis au point la première technique
                 systématique, opérationnelle et documentée de création de
                 sons entièrement synthétiques. À l’époque, en Europe, on
                 étudiait sérieusement l’utilisation de son synthétique à des
                 fins cinématographiques.
                 McLaren, ancien étudiant des Beaux-arts de Glasgow,
                 devint le plus prolifique défenseur de cette technique du
                 son synthétique. Il commence ses premières expériences
                 en grattant directement sur la bande-son d’une manière
                 improvisée. Dans le film d’animation À la pointe de la plume
                 ou Pen point percussion (1951) McLaren en fait une brillan-
                 te démonstration. Dès le film Dots (1940), il dessine sur la

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