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Hélène AGOFROY

Ainsi trois films dans le film montés selon un registre progressif de reconnaissance du moins

connu au plus connu :

Le premier- situation 2- un Anonyme de 1920 une pantomime de corrida provenant d'archives

familiales, mis en route par l'actrice qui manipule un projecteur Pathé baby.

Le second - situation 3 - un film 30mn de 1990, vu dans mes expositions par quelques-uns. Une ouvrière

enfile des chaussettes sur les portants d'une machine à repasser ( tourné dans l'usine à laquelle apparte-

nait la maison). L'actrice regarde le film sur l'écran LCD d'une petite caméra posée sur une table.

Le 3ème - situation 4 - un fragment de Sacrifice d’Andreï Tarkovski, volontairement très connu apparte-

nant au registre de la mémoire collective, il passe rapidement sur l'écran d'un ordinateur. Il est engagé par

le geste de l'acteur qui se penche en marmonnant : « J'ai vu quelque chose qui me rappelait quelque

chose, comme si je l'avais déjà fait ». Cette réflexion fait allusion aux rencontres artistiques, aux instants

d'émotions produits par un sentiment d'appartenance.

Au cours du film, j'introduis en reproductions d'autres objets d'art connus : des masques fabri-

qués avec des images empruntées à l'art : à Martial Raysse, Helio Oitticica, Olvind Fälhstrom, Robert

Morris. Parmi les objets : le perroquet de Vexation Island de Rodney Graham, le Teatrino de Blinky

Palermo repris par Pierre Leguillon et Clément Rodzielski ( le petit théâtre, premiers souvenirs de mise en

scène), une affiche de film : Changement au village de Lester James Peries ( pour le titre), une image de

Conical Intersect de Gordon Matta Clark ( mon premier contact direct avec l'art contemporain), un album

Crazy cat de George Herriman ( une histoire en une seule page), une affiche privilégiant un geste

Caminando de Lydgia Clark ( mon attention aux objets de l'action), une allusion au Bâton de Cadere ainsi

que des objets venus de mes œuvres.

Les films comme les objets, les images citées, les reproductions et les œuvres ne sont pas expo-

sés, ils font partie des meubles et des accessoires que les acteurs déplacent et dont ils se servent.

Une seule musique empruntée, sorte de ballade numérique, arrive en cours du diaporama

comme l'amorce d'une nouvelle histoire (HOME-SCAPE) ou d'une boucle. Comme un ensemble de cartes

superposées et trouées par endroits et qui laissent passer les informations qui se rassemblent à la surface.

Comme le fait le cerveau lorsqu'il associe, rassemble et déduit un raccord possible entre deux

ou trois choses, dans le film, tout n'est pas dit. Le récit et les actions s'enchaînent, les objets sont dépo-

sés. Ce n'est pas un document, c'est un arrangement de choses entre elles, d'éléments apparemment

disparates, de souvenirs de choses vues ou entendues, de mon travail et de l'histoire qui élaborent ensem-

ble un système de circulation dans un lieu unique qui les rassemble. Hélène Agofroy

HOME-SCAPE 2007 Collection du CNAP, visible sur : www.agofroy.com 95
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