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Roland BALADI

L’installation occupe une pièce obscurcie par ses volets clos, les moulures du mur gris rappellent
son ancienne fonction d’habitat, alors qu’un canapé étroit, écho du type Récamier, par son coussin, invite
à se coucher afin de voir ce qui se déroule sur l’écran de l’ordinateur posé à la verticale sur une petite table
simplissime. Une petite aquarelle pouvant être décorative poursuit ce ready made de salon.

Ce faisant - encore - l’installation affiche son protocole ainsi suspendu sous verre : le petit tableau
sous sa fonction d’ornement d’appartement, obéit au détournement. Son dessin abandonnant les sujets
topiques des décorations domestiques leur préfère l’image d’un homme de dos, couché sur le côté, sur un
sofa avec oreiller cylindrique, près d’une table avec ordinateur posé à la verticale, et il se lit, selon le
moment de sa découverte, en parfait écho ou comme le modèle de la pièce à vivre réelle, pièce- installa-
tion de Baladi.

Cela se redouble puisque le film, qui s’y déroule, dit par son titre son propos: Tracer « Ciel » dans
le ciel. En effet, en une chandelle et trois boucles de dimensions différentes correspondant au C majuscu-
le, aux i et e et se terminant en l, un petit avion écrit « Ciel ». La proposition induisant de s’allonger sur le
sofa, le calme de la pièce induisant de la suivre, celui ou celle qui le fait est, dès lors, emporté/e dans
le mouvement, emporté/e dans la sensation de partager le déplacement et l’écriture depuis le cockpit de
l’appareil. S’y dépasse ainsi la simple copie de l’aquarelle puisque un réel vertige, très vite, s’empare de
vous devant ces mouvements de renverse. Plus encore la couleur rouge du drap recouvrant le sofa tout
comme la position sur le côté, obligatoire pour voir ce qui se déroule sur l’écran, entraînent à reconnaître
comme sources d’autres dépaysements, d’autres ivresses.

Entre la prise de jeu, le plaisir du mot pris au mot, le faux accord, la synonymie de geste,
l’œuvre de Roland Baladi nous bienmène.

Simone Dompeyre

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