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TRAVERSE VIDÉO ET AUG & OHR MEDIEN
Tami en jupe écossaise frétillante, béret impertinent et sourire indélébile traverse les espaces sans avoir
à se soucier de leur changement de nature, de la terre à la mer mais quand il s’agit de changer de tenue, elle réagit
comme dans la vie réelle, craignant de s’exposer nue. Elle pose les questions concernant ce monde, de l’intérieur
de ce monde; elle établit ce qu’il y manque d’après elle et elle conclut que c’est le sensitif, ce qui génère le sensuel;
alors les plans de murs grattés et de canapé réels figurent la différence. Pourtant se remémorant les discussions et
la tranquillité éprouvée dans Second life, elle est encline à croire qu’il s’y peut vivre un sentiment fort d’appartenance.
Le film s’achève avec cette hypothèse… mais pour le spectateur de Home in mind, elle reste la figure primesautière
très plaisante mais très loin de la chair de la réalisatrice.
Simone DOMPEYRE
Sven WINDSZUS, RE PLACE, 1min 41, ALL
En incipit de Re place / Rem placer,
glisse une image trompeuse de la normalité – une
étrange planète paraît devant notre terre. La nature
nous en est familière à première vue mais il s’avère
rapidement évident qu’elle a abrogé les lois de la na-
ture, alors que des créatures étranges envahissent
la planète. Animaux et plantes y poursuivent un ob-
jectif spécifique. Ainsi un corps géométrique flotte-t-il
comme un univers parallèle formé dans une clairière.
En lui pousse, quelque forme anthropomorphe, dont
les composants sont rassemblés en un système étoilé. Il vole à travers cette galaxie d’étoiles jusqu’à l’image fami-
lière de notre planète, en fin de voyage.
Le « re » annonciateur de retour, ne s’inscrit qu’après Place, ainsi l’opus de Sven Windszus, com-
mence–t-il sur le substantif « lieu » avant de se lire en verbe, en actif. Ce lieu, notre terre exhibe sa transformation
en un espace de noir triomphant, noir fascinant par sa brillance et les êtres qu’il teinte. La métamorphose relie les
caractéristiques d’espèces de nature éloignée, de biotopes différents, : les champignons d’écorces de arbres se mu-
nissent de tentacules de méduses; les insectes type scolopendres munis de pattes allongées tirent des fils porteurs
de petites (in)formes; d’obscènes bouches / anus tombent des pierres qui s’avèrent œufs d’où naissent d’énormes
« scarabées » qui se nourrissent de boules elles-mêmes issues de boulons noirs; les brindilles s’assouplissent en
cheveux sur les troncs abattus et flottent; d’arbres étêtés, s’animent des coquilles…
Dans cette monstruosité généralisée digne des mythologies amoureuses de ce type de mélange des genres,
animalier et humain qui ont formé les sirènes, les centaures mais aussi le minotaure, surgit un diamant noir à taille
de satellite; il flotte dans l’atmosphère, or dans un sidérant renversement - le RE / place - une constellation brillante
s’expanse. Un fœtus en sa pose canonique, très kubrikien, est ainsi transporté - le Replace, en français remis à sa
place - jusqu’à la planète terre que nous pensions lire comme perdue pour l’homme par cette fable noire.
Simone DOMPEYRE
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