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TRAVERSE VIDÉO ET LE CANADA

Nikki FORREST, GIV
flip / bend ( part1 ), 8min 55

Dans un décor construit en studio, l’artiste
collabore avec une danseuse en une série d’improvisa-
tions déstabilisant la perception habituelle. Alors que
certaines images se focalisent sur l’aspect formel du
lieu, d’autres remettent en question les fondements de la
physique. Deux jeunes femmes dans une pièce qu’elles
démontent au fur et à mesure de leur performance. Le
noir et blanc précise les mouvements, alors que les seuls
sons proviennent de leur déplacement ou du frôlement de
leur corps sur la paroi. Elles défient la pesanteur en s’as-
seyant à la verticale ou en marchant sur les murs voire
le plafond, elles défient la logique car côté à côte, en ne
suivant pas la même orientation. L’horizontale devient le mur par un habile axe de prise de vue déterminant. Esher
et ses espaces impossibles n’est pas loin si ce n’est que Nikki Forrest adopte la ligne claire, la nudité du lieu, le
simplissime ce qui ne veut pas dire le moins intelligent.
Ce qu’en dit l’artiste :

« Flip / Bend ( Partie 1 ) appartient à une série récente de vidéos prenant comme point de départ la
perception, la gravité et le corps. J’y explore diverses manières pour explorer la nature de notre contact perceptif
avec le monde. J’y recherche aussi à provoquer un sentiment d’instabilité et d’incertitude. L’histoire des débuts du
cinéma expérimental et des débuts de la vidéo-performance, rappelle que des effets visuels et sensoriels étaient
provoqués en utilisant des moyens physiques et de la vie. Cette vidéo tente de créer un champ de perception arti-
ficielle. Les sens proprioceptif, extéroceptif et kinesthésique y sont momentanément défiés, ce qui rend difficile la
compréhension claire de ce qui y a lieu. Nous savons que la perception est liée aux circonstances et fondée en partie
sur ce que nous croyons a priori possible. Dans ces vidéos, j’explore les moments de rupture où ces présuppositions
n’ont plus de sens. Je m’intéresse à la façon dont nous jugeons et interprétons les signes qui nous sont donnés par
nos sens. Notre jugement n’est ni purement sensoriel ni purement logique et il peut transcender à la fois la raison et
l’expérience. La conscience est un processus qui comprend à la fois la sensation et le raisonnement, ce qui peut être
considéré comme une activité projective.

Je voulais y attirer l’attention sur cette réalité, en cherchant à matérialiser ( ou du moins à rendre vi-
sibles) quelques-uns des aspects psychologiques et physiologiques de la perception qui se chevauchent. Il y aussi
dans cette vidéo de l’humour ( je l’espère! ). Les deux performers constatent souvent qu’elles ne sont pas tout à fait,
simultanément, dans le même espace alors qu’elles tentent de construire et de déconstruire leur environnement. »

Texte et Traduction : Simone DOMPEYRE

Philippe HAMELIN, La vie modèle, 13min 30

La Vie modèle suit le déraillement psychologique
d’une femme isolée de la nature et du monde réel dans son
condominium ultramoderne. Celle-ci voit sa vie chamboulée
lorsqu’un esprit numérique la hante et lui fait perdre tout point
de repère à l’intérieur même de sa demeure.

Philippe Hamelin poursuit son interrelation image
analogique / écriture numérique. Il hante désormais les lieux du
virtuel pour la récurrence de sa question de la perception, de
l’invention d’un monde sans perdre la distanciation ironique car
son propos ne se fond pas dans l’illusion de ce monde, qui n’est modèle que de modélisation.

C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S 59

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