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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 28 Vidéo


Harold CHARRE, Walk in frames, 7 : 50 min., Fr., CJC
Prendre au pied du plan - comme on dit de la lettre - la notion même de
plan provoque cet émoi qu’aime à retrouver l’amoureux de l’expérimental.
Non genre qui ne s’épuise pas au résumé de ses éléments. Ainsi la
proposition : « un homme entre dans une banque après avoir serré la
main à une de ses connaissances, sur le trottoir d’une rue américaine » reste à des années lumière de
ce qui a lieu là : du flm poussant ses potentialités et débordant la défnition du champ comme lieu du
récit. Walk in frames monte des ingrédients partition - image sur partition - son. L’image étant comme la
note jouée, comme la note en reprise, en bémol ou dièse puisque le motif est agrandi, réduit, ou bien
les fgures se dédoublent, deviennent foues jusqu’à l’ectoplasme. Des ombres légères traversent la
chaussée, des masses fantomatiques hantent inséparables, les trottoirs. Tel passant est précisé en pause
et l’homme au chapeau en leitmotiv. La partition-image préfère la discontinuité et le phrasé musical en
lie les fragments. La musique change de tonalité, d’envolée ; l’image de noir et blanc s’enveloppe du
teintage jaune, sans changement de lieu ni de temps. L’échelle des plans se plaît à n’apporter aucun
surplus narratif, préférant le mouvement interne du plan dans le plan. La trame se dédouble en abyme,
et/ou s’étire en un rectangle sur le plan-source centralisé. Le prélèvement d’un fragment s’adjoint sur le
côté, ou au milieu, en réduction ou avec les deux types d’inclusion, détournant diversement la fonction
du changement d’échelle ; le même est répété en ce renouvellement du screen split.
Harold Charre interprète les notes prises ailleurs et il les détourne plus encore quand il paraît les retenir.
Un plan non perturbé, une main qui s’agrippe à un rebord, étrangement précise, s’immisce par trois
fois sans autre résolution que son occurrence dans une dernière mise en abyme d’une salle de preview
avec appareil de projection, ce qui ne résout rien mais revient au flm comme image montée projetée.
Simone D.

Isabelle DEHAY, Rémanence #4, 5 : 32 min., Fr.
L’entente est forte entre l’entrain des sons dynamiques de partitions mêlées
de Jean Popof et les images de Saint Nazaire revisitée. Fulgurances et
répétitions, variations sur un motif et intégration d’un autre, façonnent
une ville colorée dans le refus des critères réalistes. Le surcadrage sur
fond noir connote le projet vidéographique… pictural. Des motifs plus
que des personnes dont jamais le visage n’est lisible entraîneraient à la vidéo de genre comme on dit peinture
de genre, si le plaisir de dépasser les contours, les surimpressions du même geste, le tremblement du trait,
le fou ne s’agrégeaient pas à la solarisation, et si le champ ne variait pas au gré d’un regard qui aime se
surprendre et/ou revenir sur son premier objet. La ville garde son fonds de mer et le navire topique ainsi que
la grue et le manœuvre tournant une manivelle et le pont métallique mobile… Au travail répond le loisir,
farniente, déplacement en bicyclette, à pieds, promenade en groupe ou seul. Tous dans le mouvement de
déplacement de l’image, la rémanence du titre échappent au temps présent. La vidéo refuse la précision
géographique et documentaire. Elle se fait bonheur iconique en musique. Simone D.


Sibel DIKER, Last call, 9 : 42 min., Turq.
L’art vidéo a souvent interrogé les codes narratifs et esthétiques du
cinéma. Généralement mes vidéos abordent l’étroite relation entre le
cinéma et l’art vidéo, avec Last Call, le lien devient visuellement plus
évident. Cette œuvre cherche à mettre en relation le format vidéo avec
l’esthétique propre au cinéma mais posant la question de la fonction
- 2. Cinémathèque de Toulouse -
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