Page 110 - catalogue 2017
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Installations
Photographies 1. Espace lll Croix-Baragnon

Hervé BEZET, IMAGE #1928, 15min09 (Fr.)

1928 images, 4 sons, une voix robotique, des
matrices calculatoires pour interpréter une
image, tous ces éléments se lient durant un
quart d’heure de célébrité mondiale…
Le travail de Hervé Bezet multiplie les gestes
de déconstruction des mythes fondateurs du
vidéographique et les questionnements qui
eux-mêmes, alimentent une telle appétence
de chercher ce qu’il en est de l’image en
mouvement, de son pouvoir, de sa difusion et
circulation, y compris de ses transformations
fantasmatiques. Ainsi diverses œuvres
s’arcboutent-elles à défnir par le jeu, par des
« copies » revues et corrigées, les moments de
la réalisation d’un flm. Ses titres reconnaissent
ses préoccupations. Casting dont les
candidats accourus n’ont fguré que dans ce
flm d’essai-là, ou Underline / Borderline, sous l’écran, les images ; s’y interroge qu’en est-il de ce que l’on appelle
flm. Désormais sa préoccupation concerne ce que l’on appelle image quand elle est construite sur - pour - avec
l’écran qui la difuse: l’image calculée à savoir produite par une composition binaire en 0 / 1. En efet, cet icone-là
est produit sur la machine même qui le difuse, la machine informatique.

Cette fois, il applique à la lettre - de la durée - une maxime répétée à l’envi « le quart d’heure de célébrité » sans
l’épithète « télévisuelle », qu’y ajoutait Warhol tant il pensait la télévision vecteur de célébrité. Warhol avait, en ce
sens, créé une émission hebdomadaire, où il invitait les célébrités : Fifteen Minutes / Quinze minutes, sur MTV-
chaîne du câble new yorkais, alors qu’il dirigeait Andy Warhol T.V., société de productions avec studio et cinq
employés.
IMAGE#1928 le sait qui calcule, selon le temps imparti et énuméré, le portrait de l’artiste pluridisciplinaire, Warhol
lui-même, dans le processus numérique qu’il n’aurait pas hésité à adopter. Ce faisant, IMAGE#1928 ramène l’icône
à l’icone dans son statut en construction en chifre et en acte.
Simone Dompeyre


Jérôme COGNET, 49°26’2.5’’N11°06’44.8’’E, 5min27 (Fr.)

« La cathédrale de lumière, à Nuremberg, n’était pas une cathédrale gothique,
mais la caricature d’un temple païen: un Stonehenge en glace, disproportionné.
Un témoin raconte avoir entendu tout d’un coup au-dessus de lui, pendant le
spectacle, d’étranges cris d’animaux.
Lorsqu’il leva les yeux vers le ciel nocturne, il vit des dizaines d’oiseaux
aveuglés qui s’étaient laissé prendre dans le point de focalisation des puissants
projecteurs et n’arrivaient plus à s’en échapper. » Soleil Noir (Arrière-plans
mythologiques du Nazisme), 1998, documentaire, 90’ de Peter Fitz et Hanns
Zischler

Le 8 septembre 1936 au stade du Zeppelinfeld de Nuremberg,
Albert Speer organisa la mise en scène des grands rassemblements
du Troisième Reich et réalisa une architecture directement inspirée
par le grand autel de Pergame avec 130 projecteurs militaires
servant la lutte antiaérienne. Dans cet espace de lumière mûrement
réféchi, un fait à première vue anecdotique voire dérisoire eu égard
à l’idéologie nazie, prédisait cependant le goufre brutal dans
lequel l’Europe et à sa suite, une large partie du globe ont sombré.
Sous l’orgueil et le grandiose, cette cathédrale de lumière s’avéra
un piège dans lequel une multitude d’oiseaux migrateurs se tua,
attirée et aveuglée simultanément par le point de convergence de
ces puissants éclairages nocturnes.
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