Page 32 - catalogue 2017
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Projections 2. Lycée Ozenne
Elza KEPHART, In search of a lost continent, 2min46 (Can.)
Le discours est porté par le point de vue d’une schizophrène
ou peut-être une mystique, qui se promène à travers la ville à la
recherche d’un mythique continent perdu. C’est aussi le premier
flm expérimental de la réalisatrice de fction, Elza Kephart. Elle
en dit : « Ce flm m’est venu comme une prière, chuchotée à
mon oreille. J’ai pris ma caméra et ainsi que j’imagine que le ferait
la protagoniste, je me suis baladée dans la ville en cherchant à
répondre à une question encore sans réponse. Je voulais donner
le sentiment qu’elle est seule au monde, prise dans sa bulle. La
folie et la religion sont proches l’une de l’autre, ce qui a induit la
question : est-elle folle ou en quête du religieux? Les trois étapes
suivent son état d’esprit : le premier, alors qu’elle se penche vers le sol, frénétique. Le deuxième, en transe mais
tête levée et le troisième, sous l’eau, en quête du continent mythique. L’arrivée se conclut sous des bulles voguant
devant le ciel - est-elle morte ? Le continent recherché est-il le paradis ? A vous d’en décider. »
Anaïs LELIÈVRE, CLOC lava, 3min06 (Fr.)
Les CLOCS sont des amas de vêtements usagés, cousus les
uns aux autres par des liens élastiques, jusqu’à former une
enveloppe que des corps en-dessous revêtent comme une
peau qu’ils animent. Ces membranes relationnelles, plissées et
imprévisibles, s’adaptent à des situations multiples pour y éclore
dans l’étonnement et la perte de repères.
En Islande, CLOC lava a émergé de CLOC stone pour réactiver à
rebours la lave partout présente à travers les pierres noires. Les
plis de vêtements usés mais issus de corps vivants résonnent avec
le magma tant explosif qu’éteint dans les plis et porosités de ces
pierres de lave qui gardent trace de sa dynamique.
Dans ce contexte puissant, profondément lié au noyau du monde, CLOC rejoue la lave sur une tonalité d’abord
légère, comique, ridicule mais dont l’absurdité glisse peu à peu dans une inquiétude sourde, sur un son puisé au
cœur de geysers. Elle dit ma recherche tant fascinée que vaine à saisir la lave, mes tentatives répétées et épuisées
à la fgurer, jusqu’à en rire follement comme à m’y échouer.
Sonia LEVY, Pôle, 4min41 (ENSAD, Fr.)
Dépassant sa durée comptable, ce très court opus tend le temps
parce que, par son atmosphère d’un ailleurs, il incline à ce qu’on
le voie et le revoie et encore. De plus sa structure fait la boucle,
en revenant sur la façade irrégulière du pan de banquise de son
incipit...
La transparence incomplète discerne des corps d’animaux avant
que le plan d’ensemble ne révèle un espace de l’Arctique et/ou du
monde au-delà de cette barrière de glace si facilement dépassée
- sans que cela ne pose la moindre question, puisque l’ellipse
entraîne là.
Dans ce fond approché sans heurts, en travelling avant, reposent deux loups dont l’un se redresse sans le hurlement
attendu.
Le loup n’efraie pas, au contraire, il est le calme d’une vie possible jusqu’en ces lieux blancs, quiets quoique
sans signe de végétation ou de nourriture. Les bruits de glace se fssurant ou de plaques se détachant, le son
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