Page 33 - catalogue 2017
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2. Lycée Ozenne Projections



cristallin aigu s’y lient à son jappement, à sa respiration, elle aussi sans à coups. Instant hypnotique, s’y plaire...
or un surgissement narratif perturbe tout autant les clichés. Très loin de l’exactitude des loups - d’une iconicité
absolue quant à la pelure, à la forme pointue de la gueule et des yeux vifs, très loin de ce calme, un étrange être,
cylindrique, souple, se meut. Il répercute, à l’inverse de sa connotation de peluche ou d’écharpe de fourrure de
plusieurs couleurs, un cri appariable à ceux des monstres préhistoriques - du moins tels que les flms d’horreur
nous y ont habitués...
L’être sans tête ni yeux apparents grossit et peut devenir évanescent, varier de taille contrairement aux loups
placides, qui, en gros plan de la gueule voire en très gros plan de la langue nettement rose sur ce fond blanc, ne se
font jamais animaux menaçants.
Sans foriture, l’hybridité de l’écriture invente ce monde à diférents types iconiques, le virtuel croise la prise de vue
directe, l’incrustation de référents réels n’exclut pas l’animation. Le loup accueille et observe qui viendrait dans
cette grotte du froid et nous y appartenons ayant traversé le cristal. Se refusant aux animaleries faciles, cet espace-
ailleurs convoque pour ces animaux la fonction de mythèmes, puisqu’ils attendent, accueillent dans un espace hors
de notre monde. Film idéel, il crée son propre pôle au sens d’attraction.
Simone Dompeyre
Johanna VAUDE, Inner Stranger, 4min42 (Fr.)


Sous forme d’introspection Inner Stranger explore, par le jeu et
les dialogues de l’acteur Leonardo DiCaprio, l’esprit de l’homme
moderne en proie à ses doutes et à ses peurs alors que la traversée
des épreuves intérieures mène à un dernier sursaut.

Inner Stranger rend hommage à DiCaprio, avant Western Wind
qui se dédie à Scarlett Johansson, et après les flms dévoués à
Kubrick ou à Scorsese et avant la reconnaissance de flms de
genre. Ainsi au-delà de la fgure d’un acteur, ce morceau virtuose
provoque vision et sensation tout en déconstruisant la notion du
portrait arrêté ; il compose un étranger de l’intérieur : « Who are
you? / Who I am ? » en empruntant des fragments aux dialogues de la fction. Et ce, en une expérimentation
plastique, avec efets chimiques ou efets d’efets, en montage rapide et radical, des chocs, sample avec remix
numérique qui se lie à la connaissance approfondie du cinéma et à la reconnaissance du photogramme comme
premier. Footage - Super 8, 35mm, internet - qu’importe l’origine cela se tisse pour un portrait qui se dérobe mais
se fait car « je est toujours un autre ».
D.S

3. Cinéma UGC



Anastasia FERGUSON, Wandering Womb, 4min (GIV, Can.)

Le faire-vidéo s’y empare de flms déjà tournés, il entraîne
ce matériau-footage dans son fux, son champ d’énergie, sa
disponibilité et le rend corps instable, transformable et il fait ainsi
émaner le latent de l’image généralement assagie par la narration
réglée. Il détourne et se détourne ainsi du mode indicatif du
cinéma illusionniste. Wandering Womb pratique ce détournement
en afchant son propos, par le rappel titrologique à ce préjugé
ancestral et médical qui, depuis les textes médicaux de l’Ancienne
Grèce, explique de nombreuses pathologies féminines par un
« utérus mouvant ».
Anastasia Ferguson s’empare du flm Pride and Prejudice / Orgueil
et Préjugés où nobles et nobliaux ou bourgeoisie en désir de titres
s’enferrent dans des règles de vie et matrimoniales aptes à enfermer plus qu’à épanouir. En l’occurrence, dans
l’Angleterre de la fn du XVIIIème siècle, les Denett aux cinq jeunes flles cherchent à les marier / loger au plus riche
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