Page 41 - catalogue 2017
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4. Cinémathèque de Toulouse Projections




noirs des statues perses. Le maquillage appuyé participe à cette étrangeté qui confne quand le corps se lève
pour une danse du couteau selon la chorégraphie d’une légendaire gitane irakienne dite Malayeen. Elle se risque à
la barbe de l’homme, à la chemise des funérailles, au regard de la statuaire, aux mouvements dansés de la femme.
Elle se joue du genre dans la distance irrévérente sans sacrifer le chant.

Simone Dompeyre


Frédérick BELZILE, Madame Butterfy, 1min24 (GIV, Can.)

Pour se risquer en moins de deux minutes à évoquer / invoquer la
fgure de Butterfy, avec un simple yucata de coton bleu à simples
motifs blancs et deux phrases de l’opéra de Puccini, il faut oser le
contrepoint de La Voix - Callas - et d’un gros plan peu fréquent sur
des pieds d’homme avançant au ralenti sur un ou deux mètres de
sol blanc.
Et pour dire le faux espoir de la jeune Japonaise abandonnée, ces
pieds adoptent la démarche du No quand ils abordent le retour, et
aussitôt, le pas et la mesure se réajustent au réel, après un carton
en italien et sa traduction : « tu vois, il est venu ».
D.S


Gérard CHAUVIN, MUTATION, 5min53 (Fr.)

Cette vidéo performance concerne la transition de Lanah Shaï,
femme transidentitaire et plus largement de la liberté de se
déterminer dans son genre et son identité. En 2016, cette question
se pose encore en France où la classe politique tarde à légiférer.
En efet, cette « mutation », d’un corps biologique vers un
corps identitaire, se heurte à une culture, un état, une religion qui
ont toujours défni, identifé, hiérarchisé et discipliné l’individu par
son appareil génital.

Le poème MUTATION et la vidéo performative éponyme sont tout
autant un témoignage vécu qu’un constat de ces atavismes qui
perdurent. Des accessoires stéréotypés et genrés manipulés par Lanah Shaï, ajoutent ainsi à l’incertitude d’une
personnalité intermédiaire et vacillante en quête d’un corps enfoui au plus profond de soi.
Le texte se dépose sur le corps de la performeuse, un voile corporel et métaphorique se jette ainsi sur la dure réalité
du vécu d’une personne en phase de transition. Ainsi, le corps se dématérialise-t-il et le corps existant et vécu
devient-il corps de texte, poétique et idéalisé.

La bande son est lecture du texte par Lahah Shaï, elle dit cet entre deux masculin / féminin, ce côté intermédiaire
et en devenir de la personnalité.





Marie DAUVERNE, Comment on peut supposer que Dieu était bien intentionné, malgré les
avalanches, les moustaches et les petits tracas quotidiens, 6min10 (GIV, Can.)


« Je ne suis pas un prénom, je ne suis pas un carré. Je suis un polygone compliqué, un pays bancal sur deux
pieds - une honte hexagonale décomplexée, des barils de promesses canadiennes qui s’achètent, un Québec aux
frontières de papier. »

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