Page 40 - catalogue 2017
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Projections 3. Cinéma UGC




Natacha SAUTEREAU et Bruno IZARN, Les Bruits de l’Oeil #2, 3min (Fr.)

Meljac, Aveyron, la salle municipale, les habitants afuent. Des
grains oxydés sur de la parafne, des rires dans les nuages. Les
Bruits de l’Œil #2 – Meljac est une expérimentation, prémisse
d’une série à venir. C’est une compression musicale de flm (Ils
regardaient la lune1).
Natacha Sautereau, vidéaste et Bruno Izarn, musicien, investissent
un espace, une ville. En naît une vision fragmentée, une impression
visuelle et sonore d’un lieu, de ses habitants, et qui porte un intérêt
particulier aux langues, aux accents, aux décors, aux moindres
éléments. Les sons de l’image sont la première base de création
musicale. Ils inspirent un rythme, une musicalité. Un regard
humaniste qui ne se départ ni d’humour ni de connaissance de
l’expérimental.

4. Cinémathèque de Toulouse



Séance du 28 février 2017 : « Je suis mauvais genre »



« Je suis mauvais genre » le titre emprunte la revendication de celui qui s’approprie l’insulte qu’il reçoit et en fait sa
défnition ; il claironne pour que l’on veuille regarder ce que l’on méconnaît et attaque parce que jamais on ne s’en
est approché.
Le titre implique une qualifcation double, celle, première au cinéma expérimental dénié d’être du cinéma vrai,
infréquentable et celle de tous et toutes né/es dans un corps qui ne va pas avec leur conscience, que l’on attaque et
injurie. Le cinéma expérimental est un lieu de contestation, de demande de reconnaissance de l’autre tout autant
que de l’œuvre dans leur diversité.


Monira AL QADIRI, Abu Athiyya (Father of Pain), 6min30 (Koweit)

Abu Athiyya / Father of Pain a été soutenue par Al-Mawred Al
Thaqafy / The Culture Resource en Égypte. Cependant, la vidéo
opère un décalage des plus iconoclastes en flmant le mime d’une
fgure grimée - l’artiste elle-même - se mouvant sur une Mawwal,
lamentation interprétée par Yas Khodhor, un chanteur reconnu du
Sud de l’Irak. Père de la douleur adopte les canons de l’exhibition
de la tristesse, telle qu’elle s’est exercée des siècles durant, dans
cette région du monde alors même que de telles formes de chant
s’éteignent.
Ce n’est pourtant pas un travail de collecte de données de la
tradition, encore moins un rappel de rites selon la position externe
attendue d’ethnologues mais la marque de la distance face aux
gestes que la tradition accorde aux genres. Monira Al Qadiri est koweïtienne, née au Sénégal, elle a fait ses études
au Japon, où elle obtient en 2010, son doctorat en intermédialité à l’Université des Arts de Tokyo, pour sa recherche
axée sur l’esthétique de la tristesse au Moyen-Orient, dans la poésie, la musique, l’art et les pratiques religieuses.

Son travail explore la relation entre le narcissisme et la masculinité mais aussi les dysfonctions concernant les rôles
attribués au genre avant de, désormais, étendre sa réfexion sur des thèmes plus sociaux et politiques. Cette pièce
vidéo rallie ses préoccupations de chercheuse et son approche artistique intermédiale.
Ainsi l’artiste se fait performeuse en s’agitant le long de la voix quant à elle, respectueuse du Mawwal. Le noir
enrobe l’espace total d’où se détache le blanc d’une tombe réduite au linceul entouré de feurs blanches et fanquée
d’une colonne surmontée d’une volute style arabe. Des signes du funéraire plus qu’un tombeau réel. Y repose tête
surélevée par un coussin brillant de satin jaune, une fgure tout aussi étrange, à la barbe frisée et aux grands yeux
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