Page 39 - catalogue 2017

3. Cinéma UGC Projections

Technique de la mécanique oubliée et exaltée à la fois, portée en la voix de Giovanni Fontana, dans les respirations,
dans les vocalises du moteur, dans les roulements des roues emportés sur le violoncelle et sons électroniques
qui font un. Le son est performé tout autant que l’image, la voix se fait musique et bruitage quand le bruit se fait
musique, quand le signifé se fait connotation.

Le soufe est premier, il s’amplife jusqu’à l’extrême dans sa transformation radicale en concept de la rapidité sulla
scia del turbine / dans le sillage du tourbillon. L’image se forme idée.

Simone Dompeyre
Cf. Autre oeuvre, Les Abattoirs, p.70

Danielle RAYMOND, Val Morin, 2min15 (GIV, Can.)

Danielle Raymond aime interroger la possibilité de l’image or
celle-ci n’est pas sans lieu de projection, sans support pour son
éphémère matérialité. Cependant l’écran habituel ne répond pas à
l’attente de l’artiste car il enserre et limite, il emporte le fottement de
cette icone se faisant / défaisant. Elle réclame plus de matérialité,
plus de chair pour le souvenir de ce qui l’a faite.

Il lui faut dépasser le support-écran et elle glisse en abyme des
fragments de réalité de son passé, sur lesquels l’image première
se réanime pleinement. Après les rochers, les champs, c’est
sur le portail de la maison que Val Morin réveille des archives
cinématographiques familiales, celles décrivant le bonheur de deux adolescentes, le jour de leur Première
Communion.
D.S

Corentin ROUGE, James Dean, 7min (ENSAD, Fr.)

James Dean, brièveté du titre programmatique de son sujet, brièveté
du flm qui précise en son explicit «cinq minutes avant», même s’il
condense les dernières heures de l’acteur, tout en dépliant certains
de ses gestes sans importance comme celui de se saisir d’une
pomme ou de rajuster son Stetson. Ce n’est d’abord qu’un jeune
conducteur qui aime la vitesse et se fait, pour cela, arrêter par
un policier… le visage ne se découvre que dessin après dessin,
celui-ci privilégiant les TGP, le dos, la nuque ou cachant sous des
lunettes, l’identité pourtant afchée, précisément par le titre.

Le dessin garde certains points de sa propre préparation. Si Corentin Rouge oublie volontairement que l’acteur
était accompagné de son mécano et ce pourquoi, il était sur cette route, il en inclut la voix par la mise en abyme
d’une émission de télévision dans le café où il s’arrête et où il se voit. En revanche, les voitures correspondent, sa
Porsche 550 Spyder croise la Ford Sedan qui l’entraîne à la mort ; de même, les topoï du road movie américain, le
vautour annonciateur de mort, le policier indice que le condamné à mourir de sa vitesse ne sait pas tenir compte des
conseils de prudence, se glissent dans la simplicité du dessin. Le flm cependant privilégie l’absence d’inquiétude
et la non-conscience que la mort est proche pour James Dean alors qu’elle rôde d’autant plus que nous savons ce
qui eut lieu ce 30 septembre 1955, à 17H45, sur son chemin vers Salinas pour une course automobile.
D.S

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