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Projections Cinéma Le Cratère
bouclier en flamme qui tombe dans le champ. Et qui précède à une sorte de fond
marin avec coquillages et des plantes qui se mettent lentement en mouvement pour
tourbillonner avec, en contrepoint, des flammes au dernier plan.
L’écran s’efface dans un rose qui vient lui-même céder la place à un torse d’homme
revêtu d’un anorak, style K-way, en nylon transparent vert. Est-ce l’incarnation d’un
Buchanan emblématique revenant à notre époque et défendant désormais la cause
écologique ? Cette figure, tête nue, ayant regardé sa montre, part à contresens des
passants, tous en costume cravate. Les plans le suivent dans sa descente d’un
escalier où il s’efface devant d’autres images de murs avec des barreaux, échos
de films décrivant les salles des coffres des banques américaines (était-ce vers cela
qu’il descendait l’escalier ?). Le même homme avance lentement dans un couloir,
aux plans étirés vers le haut, flous sous le fond sonore de fragments énoncés par
Buchanan. La tête de l’homme est déformée mais on distingue malgré le flou que son
visage est masqué, le masque qui revient dans les plans suivants.
Premier épisode :
i:looking/paraissant, en numérotation en i, avec des caractères tels qu’en étaient
dotées les machines à écrire. Un homme vêtu du même anorak que le précédent
entre dans le champ, il porte un masque et pointe son doigt sur un miroir. Surgit
le regard d’un (autre ?) homme sous ses lunettes, à découvert, sans masque, qui
se confond dans sa superposition avec la même image d’archive de Buchanan en
lunettes, tandis que sa voix tournoie et s’enveloppe du fond musical. Le plan revient
à l’homme au miroir-masque qui sort de sa poche un ensemble de fiches, tandis que
revient la voix de Buchanan : « Amagi, the earliest symbol for freedom/le plus ancien
symbole de la liberté. »
(Il faut situer ce symbole dont le recours comme celui de Jeanne d’Arc, en France,
n’est pas sans ambiguïté. Il a, par exemple, été adopté comme logo par le LibertyFund
fondation qui promeut le projet libertarien. The Assault on Reason, rédigé par
Al Gore, ancien vice-président et candidat à la présidence des États-Unis, explique
qu’entre 2002 et 2004, 97% des participants aux séminaires de formation des juges
du Liberty Fund étaient des personnes nommées par l’administration républicaine.
Et Gore suggère que ces conférences et séminaires y voient l’une des raisons pour
lesquelles les juges qui assistent régulièrement à ces conférences « sont généralement
responsables de la rédaction des décisions pro-entreprise, anti-environnementales et
activistes les plus radicales ».)
Le bouclier déjà vu revient en tournant, portant l’image d’Amagi sur l’accélération de
la musique désormais répétitive. En off, Buchanan énumère ses axes de travail : la
fixation de prix et de la valeur, la liberté et les relations sociales, ce qui a pour effet
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