Page 104 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections Cinéma Le Cratère
Sam Heydt, Divorced From Reality
5min24 | Autriche
La Vérité est Beauté, la Beauté est Vérité, c’est
tout ce que vous savez. Pourtant, l’illusion ne vous
épargnera pas la réalité, alors même que le récit
soutenu des tabloïds devient histoire et que le mythe
du progrès perpétue l’inégalité. La mondialisation
a évolué de façon inégale et personne ne peut
dire où cette « nouvelle frontière » nous mène. Notre époque est marquée par la
désindustrialisation et l’exploitation de la main-d’œuvre bon marché, le changement
climatique et le charbon propre, le nationalisme et la crise des réfugiés. Si le squelette
de vieilles usines sert d’avertissement d’un monde de plus en plus réduit à une ligne
de fond, de tels présages sont noyés par le bruit blanc des médias, qui attirent dans
de vides promesses pour l’avenir qu’il tronque. La transformation du paysage mondial
sous le poids de l’industrialisation est au cœur de son travail, tout comme le reste de
la consommation, la mutabilité de l’histoire et les inégalités matérielles d’un monde
réduit à l’essentiel.
Naween Noppakun, WE LOVE ME
13min13 | Thaïlande
Naween Noppakun explore, dans un
espace-temps turbulent et comprimé, la
transformation, passée-présente, de sa
personnalité créatrice en tant qu’artiste. Le long
d’un voyage mémoriel d’images et de sons
fragmentés, il effleure ce qui serait critique, la
question du « nous » et du « moi ». Réflexion
portée par le titre We love me, le même pronom personnel désignant en thaïlandais le
« je » et le « nous ». Une confusion qui se joue de cette symétrie par clin d’œil, en ne
dévoilant le titre qu’à la moitié du film.
Cette évolution est esquissée par les traces d’images, de sons, de paroles qui ont
façonné sa mémoire. Ainsi, l’œuvre est-elle truffée de références et d’influences
personnelles attrapées dans l’ensemble de médiums disponibles : du cinéma au film
embarqué, de Skype aux GIF incrustés. Son expérience en musique et en conception
sonore provoque un rythme tout aussi singulier à l’œuvre : des « jingles » entrecoupant
les images, des monologues intimes en voix off et une structure rapide, abrupte et
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